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Epicerie OUNI à Luxembourg : un concept emballant


Même les producteurs repartent avec leurs cagettes à l'épicerie OUNI. (photo Hervé Montaigu)

L’épicerie OUNI a ouvert ses portes lundi dans le quartier Gare. Le principe ? Pas d’emballage, c’est le client qui vient avec ses bocaux. Une démarche sincèrement écologique. Un état d’esprit aussi.

Dès l’entrée, il faut perdre ses mauvaises habitudes. Inutile de chercher les cabas ou les chariots. À l’épicerie OUNI, le client vient avec son sac et surtout, ses «contenants» : bocaux, sacs en toile, barquettes en carton pour les œufs… impossible de faire ses courses sinon ! Heureusement, les vendeuses de la nouvelle épicerie écolo – car sans emballage – sont sympas : les débutants en «zero waste» (objectif zéro déchet) peuvent acheter leur contenants sur place. Avec la ferme intention de ne pas les jeter en rentrant à la maison!

Le client peut tout acheter dans l’épicerie OUNI, qui a ouvert ses portes en Ville lundi, rue Glesener. Des pâtes, des légumes, du café, du beurre, des laitues. Du dentifrice en bâtonnet et même, du déodorant sans emballage plastique (si, ça existe !) D’un point de vue ménager, on trouve aussi du savon en recharge, de la lessive ou encore du shampoing. L’organisation des rayons peut déboussoler : les marchandises sont disposées en vrac, c’est au consommateur de soupeser le moindre produit qu’il veut acheter. Des balances sont disponibles tous les deux mètres. «Ramener votre contenant, peser ce contenant, remplir le contenant, peser le tout, payer à la caisse», indique une affiche. Au moins c’est clair !

Réapprendre à cuisiner

Qui dit absence d’emballage, dit pas de boîte de conserve. Donc pas de sauce bolognaise toute faite, de haricots cuits, de soupe à réchauffer en cinq minutes, etc. Il faut se remettre à cuisiner! C’est là qu’on mesure notre dépendance aux industries de l’agroalimentaire… «Réduire ses déchets n’est pas compliqué, explique Anne Jacoby, cofondatrice d’OUNI. En revanche, c’est vrai qu’il faut cuisiner.» Un tour rapide sur internet permet de trouver des recettes faciles à réaliser. Les aliments présentés donnent en tout cas envie de ressortir son tablier : pâtes bios des Vosges, belles carottes piochées chez des producteurs de la Grande Région, des variétés incroyables de lentilles… «Dès que l’on peut, on se fournit chez des producteurs luxembourgeois ou de la Grande Région, précise Anne Jacoby. L’écologie est une démarche globale : pas d’emballage, pas de produits qui viennent de l’autre bout du monde alors qu’on les trouve chez nous, etc.»

De combien peut-on espérer réduire nos emballages ? «Au minimum un tiers de nos déchets ménagers et en s’appliquant un peu, jusqu’à la moitié !», assure Anne Jacoby. Surtout, en pesant lui-même tous ses aliments, le consommateur aura tendance à ne pas faire de gâchis. Encore des économies.

Deux fois plus cher qu’en grande surface

On est déçu toutefois, de ne pas constater de baisse de prix sur les produits basiques par rapport à la grande distribution. Sur des pâtes par exemple. On aurait pu penser qu’en privilégiant des circuits courts (moins de coût de transport) et en évitant les emballages (pas de frais de marketing et d’encartonnement), la facture allait logiquement baisser. Il n’en n’est rien. Avec des pâtes à 3,87 euros le kilo, OUNI est en moyenne deux fois plus cher que la grande distribution. Le magasin, qui emploie quatre salariés, fonctionne pourtant sur une gestion alternative qui inclut le bénévolat d’une clientèle militante.

Là encore, finalement, n’est-on pas habitué au terrible système de la grande distribution ? Des pressions colossales mises sur les producteurs, pour des paniers de course toujours moins chers… pour un monde de l’agriculture toujours plus subventionné et toujours plus à l’agonie. C’est bien qu’il y a un problème.

Hubert Gamelon

Un commentaire

  1. Bon concept. Il faut en ouvrir d’autres.