Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le Sud luxembourgeois se verrait bien capitale européenne de la culture en 2022. Du côté français, tout un pays du fer se met à rêver ! En effet, alors que le syndicat Pro-Sud s’est positionné pour décrocher ce statut, l’initiative est saluée dans le nord de la Lorraine, qui partage la même culture ouvrière.
Le sud du Luxembourg capitale européenne de la culture en 2022 ? L’idée emballe du côté français! Les élus lorrains ont accueilli chaleureusement l’annonce faite mardi par le syndicat Pro-Sud de vouloir se porter candidat. De Longwy à la vallée de la Fensch, tous les acteurs du pays du fer espèrent se rattacher au wagon, peu importe la manière. Du coup, la perche tendue par Henri Hinterscheid, mardi dans nos colonnes, n’est pas tombée dans le vide. « Nous avons une histoire commune avec la Lorraine », rappelait l’élu eschois, en émettant l’idée d’associer les pays voisins.
«Sacrée nouvelle!», tous motivés
« L’initiative est intéressante , répond Jean-Luc Sacher, élu longovicien à la culture. La candidature du Luxembourg, si proche de chez nous, pourrait déclencher des actions communes sur la mémoire ouvrière. » L’empreinte du fer et de ses luttes est évidemment la même. Pour rappel, le principal site touristique ouvrier du Grand-Duché, le Fond-de-Gras, débouche directement dans le Pays-Haut, à Saulnes.
« Aller au Luxembourg, c’est comme aller à Thionville , sourit Kamel Bouzad, conseiller municipal PS de la majorité à Longwy. La frontière n’existe pas. Nous allons suivre de très près le projet et nous saurons répondre présent. » Longwy n’a conservé que de rares pièces de son patrimoine industriel. Mais sa culture ouvrière (maison d’édition, conférences, associations) reste vivace…
À Longwy, la mémoire ouvrière est entretenue par un réseau culturel
fort. Ici en 2014, la reconstitution de la radio pirate Lorraine coeur d’acier. (photo RL)
Du côté d’Audun-le-Tiche et Villerupt, la probable candidature donne aussi le tournis. « Sacrée nouvelle! , lâche Isabelle Chaigne, chef de projet culture au Pays-Haut-Val-d’Alzette, en gros le bassin d’Audun . C’est réjouissant. »
Figure lorraine de la culture – elle a fait émerger l’Autre Canal à Nancy – Isabelle Chaigne évoque les projets transfrontaliers déjà menés à travers le groupement Belval-Alzette (GECT). «Le musée d’Art mobile (MUMO) qui a sillonné le Nord lorrain cette année s’est aussi arrêté au Grand-Duché.» Surtout, un pôle culturel entier doit sortir à Villerupt à moyen terme : pôle image, centre culturel, etc. « La culture est au cœur de notre future agglomération transfrontalière », souligne André Parthenay, président du Pays-Haut-Val-d’Alzette, seul élu, visiblement, à être dans les secrets luxembourgeois de la candidature.
Dernière voix enfin, certainement celle qui portera le plus loin. Le député-maire de Fameck, Michel Liebgott, influent à Paris et président de la communauté d’agglomération du Val-de-Fensch, a parlé de «s’associer au rêve du Sud luxembourgeois ».
Jusqu’au député de la Fensch
La Fensch a gardé les pièces les plus précieuses du patrimoine sidérurgique lorrain. « Nos territoires partagent les mêmes enjeux de transformation et de reconquête des friches , note-t-il. À ce titre, non seulement je soutiens la démarche volontariste des élus luxembourgeois, mais je souhaite que la communauté d’agglomération puisse, sous une forme à définir, s’y associer .» Michel Liebgott perçoit le projet de Pro-Sud comme une « initiative ambitieuse », d’un intérêt « évident » pour tout le Nord lorrain.
Le Parc du haut-fourneau U4 à Uckange, pôle culturel vivant (spectacles,
résidence d’artistes…) et repère incontournable dans le ciel lorrain… (photo Armand Flohr / RL)
En ce qui concerne la Fensch, l’élu est sûr de ses forces. « De nombreux pôles pourront servir le projet luxembourgeois. Je pense au musée des Mines de fer (Neufchef) , au Parc du haut-fourneau U4 (Uckange) , au Gueulard (NDLR : une salle de spectacle à Nilvange) , mais aussi au patrimoine architectural légué et remis en valeur au gré des opportunités financières .»
Hubert Gamelon
Une réunion le 28 septembre, pour tout savoir
Le ministère de la Culture et la Commission européenne organiseront une réunion à l’intention de toutes les villes luxembourgeoises intéressées par la démarche d’une candidature au titre de capitale européenne de la culture en 2022. Elle aura lieu le 28 septembre, dans la salle de conférences du ministère, 4, boulevard Franklin-D.-Roosevelt à Luxembourg.
