Quatre suspects seront jugés pour meurtre en mars 2020 aux Pays-Bas dans le cadre de l’enquête sur le crash du vol MH17, abattu en 2014 au-dessus de l’est séparatiste de l’Ukraine par un missile russe, ont annoncé mercredi des familles des victimes préalablement informées par les autorités néerlandaises.
« Il y aura un procès le 9 mars 2020 contre quatre personnes accusées de meurtre », a annoncé à la presse Silene Fredriksz, dont le fils et la belle-fille avaient péri dans la tragédie, peu après que les familles des victimes en eurent été informées par les autorités néerlandaises. « Je suis heureuse que le procès va enfin pouvoir débuter et que les noms des suspects ont été révélés. C’est un début. Je suis satisfaite », a-t-elle ajouté.
Quand on lui a demandé qui était responsable du crash, elle a répondu : le président russe « Poutine, parce qu’il a rendu cela possible. Il est le principal responsable ».
L’équipe internationale d’investigation conjointe (Joint Investigation Team, JIT), conduite par les Pays-Bas et composée d’enquêteurs d’Australie, de Belgique, de Malaisie, des Pays-Bas et d’Ukraine, a dévoilé lors d’une conférence de presse les « derniers développements de l’enquête » sur le crash. En mai 2018, elle avait annoncé avoir établi que le missile ayant abattu l’avion provenait de la 53e brigade antiaérienne russe basée à Koursk.
Elle a par ailleurs donné les noms de quatre suspects, trois Russes et un Ukrainien. Les enquêteurs ont identifié les Russes Sergueï Doubinski, Igor Girkine et Oleg Poulatov ainsi que l’Ukrainien Leonid Karchenko.
Le Boeing de la Malaysia Airlines, parti d’Amsterdam pour Kuala Lumpur, avait été abattu en plein vol au-dessus de la zone de conflit armé dans l’est séparatiste prorusse de l’Ukraine le 17 juillet 2014. Les 283 passagers, dont 196 Néerlandais, et les 15 membres de l’équipage avaient péri.
De hauts responsables
Les Pays-Bas et l’Australie, dont 38 ressortissants figuraient parmi les victimes, ont ouvertement accusé la Russie d’être responsable de la mort de leurs ressortissants après les révélations de la JIT. Pour la première fois, la responsabilité de cette catastrophe était ouvertement imputée à Moscou, qui a nié avec véhémence toute implication, rejetant la faute sur Kiev.
La vice-ministre ukrainienne des Affaires étrangères Olena Zerkal avait déclaré mardi à l’agence ukrainienne Interfax qu’un haut gradé russe figurait parmi les quatre suspects. Le transfert d’armement comme le système de missiles anti-aériens BUK « est impossible sans l’autorisation de hauts responsables » de l’armée russe, a-t-elle estimé.
La tragédie reste un sujet hautement sensible aux Pays-Bas, où le Premier ministre Mark Rutte n’a jamais caché que trouver les coupables et les traduire en justice étaient un de ses objectifs les plus importants à la tête du gouvernement.
Parallèlement, le groupe d’investigation journalistique Bellingcat a indiqué qu’il dévoilerait également de son côté mercredi le nom « des individus liés à la destruction du MH17 », en précisant que ses investigations étaient « totalement indépendantes et distinctes de l’enquête » officielle.
LQ/AFP