Le parti populiste allemand AfD, crédité à l’heure actuelle de 13% d’intentions de vote, a suscité un tollé en Allemagne samedi en suggérant que la police fasse « au besoin » usage d’armes à feu pour empêcher les migrants d’entrer en Allemagne.
« Nous avons besoin de contrôles efficaces afin qu’il n’y ait plus autant de demandeurs d’asile non enregistrés qui entrent par l’Autriche », a dit la présidente du parti, Frauke Petry, au journal régional Mannheimer Morgen samedi. « Au besoin », a-t-elle ajouté, les forces de police à la frontière « devraient pouvoir faire usage de leur arme à feu, c’est inscrit dans la loi ».
« Aucun policier ne veut tirer sur un réfugié, je ne le veux pas non plus. Mais en dernière instance on doit pouvoir avoir recours aux armes », a-t-elle ajouté. Des déclarations immédiatement fustigées par ses adversaires politiques de tous bords, et par les forces de l’ordre.
« Aucun policier ne serait prêt à tirer » sur des migrants, a réagi dans un communiqué le syndicat de la police GdP. « Quiconque suggère d’en arriver à des méthodes aussi radicales veut manifestement suspendre l’Etat de droit et instrumentaliser la police », a critiqué le chef du GdP, Jörg Radek, « nous avons déjà été face à cela au cours de l’histoire allemande, et nous ne voulons plus jamais ça ».
La troisième formation politique d’Allemagne ?
Le chef du groupe parlementaire social-démocrate (SPD), Thomas Oppermann, a dénoncé « une mobilisation de l’opinion publique insupportable contre les réfugiés », et le député Vert (opposition) Konstantin von Notz a critiqué des propos « irresponsables » alors que les attaques contre des foyers de réfugiés se multiplient. Mme Petry « fournit au terrorisme d’extrême droite la légitimation de ses crimes », a-t-il réagi.
Créé sur une plate-forme anti-euro en pleine crise de la dette, le parti AfD, « Alternative pour l’Allemagne », a depuis réorienté son message vers le refus de l’immigration. Selon un sondage publié cette semaine, il est actuellement crédité de 13% des intentions de vote, ce qui en fait la troisième formation politique en Allemagne, derrière les conservateurs de Mme Merkel et le SPD, et ce à l’approche de trois scrutins régionaux début mars.
Le Quotidien /AFP
Merkel s’attend à ce que les réfugiés repartent à moyen terme
La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré samedi s’attendre à ce que le gros des réfugiés qui affluent en Allemagne retournent dans leurs pays respectifs à moyen terme, notamment une fois la paix revenue en Syrie.
« Nous nous attendons à ce que, quand la paix sera revenue en Syrie, quand (l’organisation) Etat islamique sera vaincu en Irak, ils retournent dans leur pays d’origine, munis du savoir qu’ils auront acquis chez nous », a dit la chancelière lors du congrès d’une antenne régionale de son parti conservateur CDU, des propos rapportés par l’agence DPA.
La chancelière, qui a ouvert grand la porte aux demandeurs d’asile l’an dernier mais fait l’objet de plus en plus de critiques à ce sujet, a fait référence aux réfugiés venus d’ex-Yougoslavie dans les années 90, dont selon elle 70% ont refait le voyage en sens inverse après la fin des violences dans ces pays.
L’Allemagne a accueilli plus d’un million de candidats à l’asile l’année dernière, et les arrivées continuent à un rythme élevé. Le ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière a indiqué qu’en janvier, 2.000 migrants étaient arrivés en moyenne par jour en Allemagne, « ce qui, ramené à l’année, est beaucoup – trop », a-t-il déclaré dans les colonnes de l’hebdomadaire Der Spiegel de samedi.