La trêve des combats a été prolongée en Syrie mais des centaines de milliers d’habitants attendaient toujours jeudi l’aide humanitaire promise par l’ONU, dont les camions sont bloqués depuis qu’ils ont passé la frontière turque.
Pour la première fois depuis la cessation des hostilités lundi soir, une vingtaine de camions remplis de nourriture et de médicaments ont « franchi la frontière » turque, a annoncé un haut responsable de l’ONU. Mais ils attendent toujours dans une zone tampon entre les deux pays. Ils sont « prêts à prendre la route immédiatement » pour rejoindre Alep, à quelque 70 km de la frontière.
Au total pour l’instant, une quarantaine de camions remplis d’aide sont destinés à l’est d’Alep. « Dès que nous aurons le feu vert, nous enverrons 20 camions, puis 20 autres le jour d’après », a précisé un porte-parole d’une agence turque de l’ONU. « Le voyage n’est que de 70 km mais, étant donné qu’il s’agit d’une zone de combats et que les routes sont en mauvais état, cela devrait prendre quatre à cinq heures. »
L’ONU espère distribuer vendredi cette aide dans la deuxième ville du pays, où l’impatience croît chez les 250 000 habitants assiégés dans les quartiers rebelles depuis deux mois et qui manquent de tout.
« Nous allons mourir de faim »
« A quoi sert le prolongement de la trêve si nous restons assiégés ? », s’écrie Abou Ibrahim, un habitant du secteur. « Avant, nous mourrions des bombardements, aujourd’hui nous allons mourir de faim« , se lamente cet homme de 53 ans. « On ne veut pas juste l’arrêt des bombes. On veut des légumes et du carburant », réclame un autre habitant Moustapha Morjane, âgé de 30 ans. « Comment cuisiner pour nos enfants si nous n’avons pas de carburant ? »
Une certaine frustration a également été exprimée par l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie qui a exhorté jeudi le régime de Bachar al-Assad à donner sa « permission finale » au passage des convois. « C’est particulièrement regrettable, nous perdons du temps. La Russie est d’accord avec nous sur ce point », a-t-il déploré.
Concrètement, les Nations unies attendent que la démilitarisation d’une route, celle dite du Castello, soit mise en œuvre pour acheminer l’aide vers Alep. Mais jeudi, l’armée syrienne se trouvait toujours sur cette route alors que, selon les Russes, elle aurait dû s’en retirer le matin même. Son maintien s’expliquerait par la présence de combattants rebelles de part et d’autre de l’axe. Moscou, allié du régime, a d’ailleurs prévenu que des obus de mortier lancés par les rebelles sur la route faisaient peser une menace sur le retrait des troupes syriennes.
Le Quotidien/AFP