Le régime syrien se prépare à lancer l’offensive pour reconquérir la province septentrionale d’Alep, où l’intensification des bombardements et des combats a provoqué la mort d’environ 200 personnes en une semaine.
« Il est temps de lancer la bataille pour la libération complète d’Alep », a annoncé jeudi à Damas al-Watan, un quotidien bien informé et proche du pouvoir. « Ce n’est pas un secret que l’armée syrienne et ses alliés ont préparé cette bataille décisive pour purifier Alep des terroristes. Elle commencera dans peu de temps et se terminera rapidement. »
L’objectif du régime du président Bachar al-Assad est de reprendre la partie d’Alep aux mains des rebelles qui lui échappe depuis quatre ans. La deuxième ville du pays et son principal carrefour commercial est en effet divisée depuis juillet 2012 entre les quartiers gouvernementaux à l’ouest et ceux contrôlés par les rebelles à l’est. La situation à Alep préoccupe fortement l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui a appelé la Russie et les États-Unis, parrains d’une trêve entrée en vigueur le 27 février mais bien mal en point aujourd’hui, à prendre une « initiative urgente ».
« Désastre humanitaire »
Les raids aériens meurtriers menés par le régime sur les quartiers rebelles et les bombardements des insurgés sur les quartiers gouvernementaux ont fait quelque 200 tués et des centaines de blessés en une semaine, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Jeudi, au moins 49 civils ont été tués. 31 d’entre eux, dont trois enfants, ont trouvé la mort dans les raids du régime contre les quartiers rebelles, dont celui très populaire de Boustane al-Qasr. 18 personnes, dont deux enfants, ont été tuées et 40 autres blessées dans des bombardements rebelles contre cinq quartiers gouvernementaux, a précisé l’OSDH. « Aujourd’hui, c’est tout le quartier qui a été dévasté par les avions », a témoigné un habitant.
Pour le Comité international de la Croix Rouge, Alep est désormais « aux portes d’un désastre humanitaire ». « Où que vous alliez, vous entendez les explosions de mortiers, les bombardements et le vol des avions », selon Valter Gros, le représentant du CICR dans la ville. « Les habitants vivent sur le fil du rasoir. Tous craignent pour leur vie et personne ne sait ce qui va advenir ».
Les frappes du régime ont notamment visé l’hôpital Al-Quds, où de nombreux civils mais aussi des médecins et des infirmiers, ont été tués, selon les secouristes connus sous le nom de Casques blancs. « Nous ne pouvons pas identifier (tous les corps). Certains sont carbonisés, d’autres n’ont plus de tête ou ont le visage totalement défiguré », a indiqué l’un d’eux. Médecins sans frontières, qui soutenait l’hôpital, a condamné cet acte « révoltant ayant encore visé un centre de santé en Syrie ». Cet établissement était « le principal centre pédiatrique de la région » et « employait huit médecins et 28 infirmières », a précisé l’ONG, en rappelant que le droit international interdit de prendre les hôpitaux pour cible.
« Durant ces dernières 48 heures, un Syrien est mort toutes les 25 minutes », a dénoncé mercredi soir l’émissaire de l’ONU. La guerre en Syrie qui est entrée dans sa sixième année a déjà fait plus de 270 00 morts.
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