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Prêtre égorgé : Adel Kermiche, 19 ans, avait essayé deux fois d’aller en Syrie


L'un des deux tueurs du prêtre Jacques Hamel (à droite), Adel Kermiche (à gauche), était surveillé par un bracelet électronique. (photos DR)

L’un des deux auteurs de l’attaque menée mardi contre une église française, dans laquelle un prêtre de 86 ans a été égorgé, a été « formellement identifié » comme étant Adel Kermiche. Un jeune homme de 19 ans qui avait essayé par deux fois de se rendre en Syrie, avant d’être placé sous surveillance électronique, et non en détention provisoire comme le parquet l’avait réclamé en appel en mars dernier, sans succès.

Cet homme, né le 25 mars 1997 à Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime), « n’a aucune condamnation sur son casier judiciaire » mais est « toutefois connu de la justice antiterroriste », a indiqué le procureur de Paris, François Molins, rappelant sa mise en examen pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste après deux tentatives de départ en Syrie en mars et mai 2015.

« Le 23 mars 2015, un membre de sa famille a signalé la disparition du jeune homme (…) qui a été interpellé le même jour par les autorités allemandes alors qu’il utilisait l’identité de son frère pour se rendre en Syrie », a détaillé François Molins.

Un mois et demi plus tard, le 11 mai 2015, Adel Kermiche a tenté à nouveau de rallier la Syrie, cette fois par la Turquie, où il est localisé et interpellé deux jours après son départ du domicile familial.

Il est alors expulsé par les autorités turques vers la Suisse, d’où il provenait, avant d’être remis le 22 mai 2015 aux autorités judiciaires françaises qui avaient émis un mandat d’arrêt.

Adel Kermiche voyait son contrôle judiciaire « révoqué le jour-même », avant d’être mis en examen pour cette nouvelle tentative de départ, a indiqué le procureur.

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Sa détention provisoire avait pris fin le 18 mars 2016, « date à laquelle le juge d’instruction antiterroriste a ordonné son placement sous contrôle judiciaire dans le cadre d’une assignation à résidence sous surveillance électronique avec un certain nombre d’obligations », a ajouté François Molins.

« Le parquet de Paris a fait appel de ce placement sous contrôle judiciaire en requérant le maintien du mis en examen en détention provisoire », a souligné le procureur. Mais le 25 mars 2016, « la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris a confirmé la décision du juge d’instruction ».

« L’identification formelle » du second terroriste tué par la BRI de Rouen « est toujours en cours », a-t-il déclaré.

Le Quotidien / AFP

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À peine majeur et candidat pour la Syrie

Après sa première tentative de départ en Syrie, Adel Kermiche était « revenu dans le quartier et s’est vanté », a déclaré un voisin, Mohamed, 30 ans. « Tout le monde le connaissait dans la ville, on savait qu’il voulait y retourner », a-t-il ajouté.

Le jeune homme, abattu mardi par la Brigade de recherche et d’intervention (BRI), avait par deux fois, à moins de deux mois d’intervalle, tenté de rallier la Syrie en 2015.

« Il ne nous parlait jamais », a confié un autre voisin de la famille du jeune homme. « Je l’ai vu pour la dernière fois vendredi. Il jouait au foot dans son jardin », a dit cet homme de 60 ans.

Il a ajouté ne l’avoir « jamais vu à la mosquée » où il se rend tous les jours. « Je ne l’ai jamais vu fréquenter la mosquée », a confirmé le président du conseil régional du culte musulman de Haute-Normandie, Mohammed Karabila.

Dans la ville, d’autres connaissances ont dressé un portrait contradictoire de l’assaillant présumé. « Je ne suis pas étonné, il m’en parlait tout le temps », a déclaré sur RTL un adolescent qui a assuré faire partie de ses connaissances.

« Il parlait d’islam, qu’il allait faire des trucs comme ça. Il m’a dit +je vais aller faire une église+ il y a deux mois. Je l’ai pas cru, il disait beaucoup de choses. »

« C’était un jeune comme nous, je ne comprends pas comment il a basculé comme ça », a en revanche affirmé une autre connaissance à la radio. « Il s’est fait retourner le cerveau. Ce qu’il a fait, ça n’a rien à voir avec les musulmans. Il a fait ça de sa propre personne, il a déconné ».

Sous surveillance électronique

Adel Kermiche avait comme obligation de résider au domicile familial avec le droit de sortir du lundi au vendredi de 8h30 à 12h30 et samedi, dimanche et jours fériés de 14h à 18h, avec l’interdiction de quitter le département, une obligation de pointage une fois par semaine au commissariat, de justifier de son activité professionnelle et de remettre sa carte d’identité et son passeport.

Ces précisions ont été données mardi soir par le procureur de Paris François Molins.

Aujourd’hui, sept prévenus pour des affaires de terrorisme islamiste font l’objet d’une assignation à résidence sous surveillance électronique, selon la chancellerie.

Mais cette mesure peut aussi être prononcée comme aménagement de peine pour des personnes condamnées ou dans le cadre d’une libération sous contrainte.

Six personnes condamnées pour terrorisme islamiste sont aujourd’hui sous Placement sous surveillance électronique (PSE), a précisé le ministère.