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Plus de cent enfants tués dans les inondations en Sierra Leone


Vue genérale sur le glissement de terrain à Freetown, le 15 août 2017. (Photo : AFP)

Encore traumatisées par les centaines de morts, dont plus de 100 enfants, après les inondations et les glissements de terrain qui ont touché Freetown, les autorités sierra-léonaises redoublaient d’effort mercredi pour retrouver quelque 600 personnes toujours portées disparues.

Cette catastrophe, une des pires de l’histoire du pays, causée par trois jours de pluies torrentielles, a fait plus de 300 morts à Freetown dans la nuit de dimanche à lundi, selon la Croix-Rouge locale. Des responsables à la morgue centrale de la capitale sierra-léonaise ont de leur côté évoqué le chiffre de 400 morts. «Nous avons reçu 105 enfants», a précisé mercredi Mohamed Sinneh Kamara, un employé de la morgue, où les corps s’entassent dans une odeur pestilentielle et où l’identification des victimes était difficile.

«Il n’y a pas assez de gants, d’équipements de protection et de bottes en caoutchouc» pour les familles, a déploré l’employé de la morgue. La famille de Mabinty Sesay participait dimanche soir à une veillée de prière à l’église du quartier de Regent, dans les faubourgs de la ville, l’une des zones les plus touchées, lorsqu’une coulée de boue a recouvert l’édifice. «J’ai perdu 13 membres de ma famille mais je n’ai pu en identifier que deux», a-t-elle confié, alors qu’une autre femme perdait connaissance en identifiant son mari dans un amas de corps.

Quelque 600 personnes sont toujours portées disparues, selon la Croix-Rouge, les glissements de terrain spectaculaires ayant surpris de nombreux habitants dans leur sommeil. Des opérations de secours pour tenter de retrouver ces victimes se poursuivaient mercredi. Les survivants quant à eux sont confrontés à des conditions difficiles. «Il y a un besoin en nourriture, en eau, en équipements sanitaires et en aide médicale. Comme nous sommes toujours en saison des pluies, d’autres inondations sont encore possibles», a expliqué Adele Fox, coordinatrice santé pour l’ONG Concern Worldwide.

Située en bordure de mer, Freetown –surpeuplée avec environ 1,2 million d’habitants– est frappée chaque année par des inondations qui entraînent leur lot de maladies: dysenteries et choléra notamment. Des habitations précaires sont régulièrement emportées par des pluies torrentielles, mais jamais jusqu’ici à une telle échelle. Face à l’ampleur des destructions, le choc et la tristesse ont commencé à faire place à la colère. «Il y a de la frustration par rapport à la régularité des inondations et des destructions pendant la saison des pluies», a relevé Mme Fox.

L’aide internationale s’organise

L’ambassade d’Israel au Sénégal a envoyé 20 000 portions de nourriture et «de l’eau propre, des couvertures et d’autres produits nécessaires vont suivre», a-t-elle indiqué. Le Programme alimentaire mondial de l’ONU a également commencé à distribuer de l’aide à 7 500 personnes, tandis le Royaume-Uni a proposé son soutien à son ancienne colonie, indépendante depuis 1961. «Nous sommes débordés», a reconnu mardi, très ému, le chef de l’Etat, Ernest Bai Koroma, lors d’une visite à Regent. Petit pays d’Afrique de l’Ouest et un des plus pauvres au monde, la Sierra Leone, a un «besoin urgent d’aide», a-t-il lancé.

Les autorités ont ouvert un centre d’accueil pour venir en aide à plus de 3.000 habitants désormais sans abris de Regent, où tout un pan de colline s’est effondré, emportant les habitations. «Nous avons vu des destructions massives. Des gens qui tiraient des corps à mains nues. Nous n’avons vu aucun survivant dans les maisons submergées», a déclaré Daniel Byrne, de l’ONG Oxfam, après une visite sur le terrain. «Des voisins ont accueilli des survivants. L’un d’eux a pris 30 personnes dans sa maison de trois pièces», a-t-il ajouté, en disant craindre la propagation de maladies.

A New York, le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré que «les représentants de l’ONU en Sierra Leone et (ses) partenaires humanitaires mènent des missions d’évaluation». «Ils aident les autorités nationales dans les opérations de secours, à évacuer les habitants, à fournir de l’aide médicale pour les blessés, à recenser les survivants et à fournir de la nourriture, de l’eau et des effets de première nécessité aux victimes», a-t-il ajouté.

Victimes d’Ebola

Environ 150 personnes ont déjà été enterrées mardi soir à Freetown, selon un responsable du conseil municipal de la capitale, Sulaiman Zaino Parker. De nombreuses autres victimes doivent être inhumées dans la localité proche de Waterloo aux côtés des tombes de personnes décédées pendant l’épidémie du virus Ebola (4 000 morts en Sierra Leone en 2014 et 2015). «Toutes les victimes auront droit à un enterrement digne selon les rites musulmans et chrétiens», a expliqué M. Parker.

Le président de la Guinée voisine et chef de l’Union Africaine, Alpha Condé, qui a effectué mardi une visite à Freetown, a lancé un appel à la mobilisation internationale. Le Pape François s’est quant à lui dit «profondément attristé» dans un message à l’archevêque de Freetown, Charles Edward Tamba.

Le Quotidien/AFP