Le procureur de la République de Paris François Molins estime que « l’affaiblissement de l’État islamique renforce le risque d’attentat ». Il met aussi en garde sur le danger que représentent les épouses et les enfants des combattants français partis avec eux en Syrie.
« Quand les organisations terroristes sont en difficulté sur zone, elles recherchent l’occasion de commettre des attaques à l’extérieur », relève François Molins, dans un entretien au journal Le Monde vendredi. Daech, qui a revendiqué notamment les attentats meurtriers de novembre 2015 à Paris et l’attaque de Nice en juillet dernier, a essuyé récemment plusieurs revers militaires en Irak et en Syrie. Deuxième inquiétude pour le magistrat, « la menace du retour : on sera à un moment ou à un autre confronté au retour d’un grand nombre de combattants français et de leurs familles ». Selon François Molins, 2 000 Français sont partis, en transit ou souhaitent se rendre en Syrie, dont environ 700 sont sur zone. Le nombre de procédures engagées ne cesse de progresser : 982 personnes font ou ont fait l’objet d’enquêtes judiciaires: 280 sont aujourd’hui mises en examen, dont 167 placées en détention, et 577 font l’objet d’un mandat de recherche ou d’un mandat d’arrêt.
Les femmes jihadistes, danger longtemps occulté
« Des centaines de femmes vont revenir de Syrie », note-t-il aussi. « On a peut-être été trop scrupuleux au début en se disant qu’elles suivaient leur mari et se cantonnaient à des tâches ménagères. Aujourd’hui, elles sont systématiquement interpellées à leur retour et placées en garde à vue. » A ce jour 59 ont été mises en examen en France, dont 18 détenues.
Le procureur de Paris relève aussi une hausse des dossiers concernant des jeunes filles mineures, résidant en France et aux « profils très inquiétants ». « Elles sont parfois à l’origine de projets terroristes qui, sur le plan intellectuel, commencent à être très aboutis », s’inquiète t-il. Comme cette adolescente de 16 ans, administratrice d’un groupe sur la messagerie cryptée Telegram et qui se disait prête à commettre un attentat en France, arrêtée début août et placée en détention provisoire.
Les jeunes ados, « véritables bombes à retardement »
Vingt-trois garçons et 12 filles de moins de 18 ans sont actuellement mis en examen dans des dossiers terroristes. Par ailleurs, certains pré-adolescents, partis avec leurs parents en Syrie, « mis en scène dans des vidéos d’exécution ou qui subissent des entraînements militaires, vont constituer de véritables bombes à retardement » une fois rentrés en France, avertit François Molins. Selon lui, « une petite vingtaine » de mineurs combattent actuellement dans la zone irako-syrienne.