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Les routes françaises bientôt limitées à 80 km/h ?


Pour les autorités, cette mesure permettrait de réduire la mortalité routière. (illustration AFP)

Le Premier ministre français Édouard Philippe s’est dit lundi « favorable » à la réduction de vitesse à 80 km/h, au lieu de 90, sur les routes nationales et départementales, alors que le nombre de morts sur les routes en 2017 s’annonce en hausse pour la quatrième année consécutive.

Après avoir été stable en octobre, la mortalité routière est remontée en novembre avec une progression de 8,9%, représentant 281 personnes tuées, soit 23 de plus par rapport au mois de novembre 2016, a annoncé lundi la Sécurité routière. Selon les chiffres officiels, 3 500 personnes sont mortes entre décembre 2016 et novembre 2017, soit 59 de plus qu’entre décembre 2015 et novembre 2016, représentant une hausse de 1,7% selon un bilan provisoire. La France s’apprête ainsi à connaître une quatrième année de hausse de mortalité sur les routes, une première depuis 1972.

« On a 3 500 morts par an, on pourrait passer à 2 500 », a estimé le Premier ministre lors d’un déplacement en Seine-et-Marne, pour suivre une opération de prévention organisée par la gendarmerie.

La presse évoquait ces derniers jours une baisse prochaine de la vitesse à 80 km/h sur les routes à double sens sans séparateur physique, où se produisent 63% des accidents mortels. Une mesure à l’origine de vifs débats chez les acteurs de la sécurité routière. « A titre personnel, j’y suis favorable car je sais que deux tiers des accidents se concentrent sur ces tronçons de routes nationales et départementales bidirectionnelles aujourd’hui limitées à 90 km/h », a déclaré Édouard Philippe. Cette décision « exige une concertation avec les associations, les professionnels, les élus également ».

« Totalement débile »

« S’il y a une mesure et une seule à prendre, c’est le passage de 90 à 80 km/h sur les réseaux, où se déroule actuellement la majorité des accidents », a estimé Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière. « Ce problème majeur de santé publique a été négligé par le gouvernement précédent », a-t-elle déploré, estimant qu’ « il y a une urgence absolue à ce que le Premier ministre et le président de la République reprennent en main ce dossier ». Mais pour elle, il faut aller au-delà et « interdire les avertisseurs de radars, déployer des voitures banalisées, surveiller le retrait des points de permis ».

Un constat que ne partage pas le directeur général de l’association 40 millions d’automobilistes, Pierre Chasseray, pour qui un passage de 90 à 80 km/h sur les routes nationales et départementales, serait « totalement débile ». « Il faut évidemment prendre des mesures, faire des choses, mais faire un lien entre des chiffres sur un mois et une mesure à 80 km/h, c’est faire preuve de mauvaise foi », a-t-il fustigé, dénonçant « des charlatans de la sécurité routière qui sont en train d’influencer Édouard Philippe ».

Selon lui, « il faut arrêter d’empiler des mesures ». « S’il y a des aménagements à faire, c’est dans les accompagnements sur les addictions au volant », fait valoir Pierre Chasseray, rappelant que « les stupéfiants interviennent dans 25% des accidents mortels ».

Le Quotidien/AFP