Ankara a mené mercredi des « frappes aériennes » dans la région de Ras al-Aïn, située dans le nord syrien à la frontière avec la Turquie, a rapporté une ONG, peu après l’annonce d’une offensive contre une milice kurde.
Dans cette région, des journalistes rapportent avoir entendu une forte explosion et vu s’élever de la fumée juste à la frontière, ajoutant que des avions survolaient le secteur. Il a également été fait état de tirs d’artillerie en continu sur la ville de Ras al-Aïn, qui ont provoqué la fuite de dizaines de civils, emportant leurs affaires à bord de motos et de voitures, parfois même à pied.
Des « raids aériens » mais aussi des tirs d’artillerie ont visé Ras al-Aïn et ses environs, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Des tirs d’artillerie turcs ont également visé plusieurs villages de la région de Tal Abyad, située également sur la frontière avec la Turquie, selon l’OSDH.
« Forte panique parmi les gens »
D’après le quotidien turc Hürriyet, la Turquie envisage dans un premier temps de prendre le contrôle d’une bande de territoire à la frontière longue de 120 km et profonde d’une trentaine de kilomètres, allant des villes de Tal Abyad à Ras al-Aïn.
« Les avions de guerre turcs ont commencé à mener des frappes aériennes sur des zones civiles, il y a une forte panique parmi les gens », a indiqué de son côté Mustafa Bali, un porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par Washington.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait prévenu un peu plus tôt mercredi du début d’une nouvelle opération militaire contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), soutenue par les pays occidentaux mais bête noire d’Ankara. « Les Forces armées turques et l’Armée nationale syrienne ont débuté l’opération Source de paix dans le nord de la Syrie », a annoncé Erdogan sur Twitter.
Cette opération vise, selon lui, « les terroristes des YPG et de Daech » et a pour objectif de mettre en place une « zone de sécurité » dans le nord-est de la Syrie. « La zone de sécurité que nous allons créer va permettre le retour des réfugiés syriens dans leur pays », a-t-il ajouté.
LQ/AFP
Juncker exige l’arrêt de l’offensive
Le président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker, a exigé mercredi l’arrêt de l’offensive et menacé de couper les financements européens dans la région.
« La Turquie doit cesser l’opération militaire en cours. Elle ne donnera pas de résultat. Et si le plan de la Turquie est la création d’une zone de sécurité, n’attendez pas de financement de l’Union européenne », a-t-il affirmé devant le Parlement européen réuni à Bruxelles ».
« La Turquie a des problèmes de sécurité à sa frontière avec la Syrie, que nous devons comprendre. Toutefois, j’appelle la Turquie, ainsi que d’autres acteurs, à agir avec retenue. Une incursion exacerbera les souffrances des civils, ce qui est déjà au-delà de ce que les mots peuvent décrire », a-t-il encore insisté.