Le président iranien Hassan Rohani espère obtenir une majorité au Parlement lors des législatives de vendredi pour relancer l’économie et mener à bien ses réformes, mais, malgré la levée des sanctions, de nombreux obstacles demeurent tant sur le plan intérieur qu’extérieur.
La récession économique, en grande partie due à la chute du prix du pétrole, se fait durement sentir. L’entrée en vigueur de l’accord nucléaire entre l’Iran et les grandes puissances et la levée des sanctions internationales, intervenues à la mi-janvier, n’ont pas encore apporté de résultats concrets dans la vie de tous les jours des Iraniens.
«L’inflation, la récession et le chômage sont les plus importants problèmes du pays. Après l’accord nucléaire et la levée des sanctions, le pays traverse une situation difficile», a reconnu lundi le président du Parlement sortant Ali Larijani, conservateur modéré qui soutient le président Rohani. Selon lui, le recours aux investissements étrangers doit avoir pour objectif d’«augmenter la production nationale pour faire diminuer le chômage».
Le ministre de l’Economie, Ali Tayebnia, a reconnu de son côté que le gouvernement était confronté à «des contraintes financières et à la dette» intérieure, qui constituent des obstacles importants pour relancer l’économie. Ces difficultés se reflètent dans la rue. «Quand l’économie est complètement arrêtée, quand personne ne gagne d’argent, personne n’a le moral», déclare Abdollah, chauffeur de taxi d’une cinquante d’années.
Père de deux enfants, il détaille sa situation: «Je gagne en moyenne 1 200 000 rials par jour (environ 35 dollars). 200 000 sont dépensés pour l’essence et l’entretien de la voiture et il me reste un million» pour les besoins de la famille. «Le matin quand je repars travailler, je n’ai plus un sou en poche».
Selon un sondage publié par le site Tabnak, proche de Mohsen Rezaïe, un conservateur modéré, la situation économique est la préoccupation de 64% des sondés, contre 17% préoccupés par les questions politiques et 11,5% par les problèmes de société.
Les conservateurs, qui ont choisi pour thème de campagne «moyens d’existence, sécurité et progrès», attaquent le bilan du gouvernement, lui reprochant de ne pas avoir réussi à relancer l’économie. «C’est le gouvernement de la récession», répètent à l’envie les candidats conservateurs.
Le prix du pétrole, lourd handicap
La chute du prix du pétrole a constitué un lourd handicap. Alors que durant l’année iranienne 1393 (mars 2014-mars 2015), la croissance était de nouveau orientée à la hausse à 3%, selon le ministre de l’Economie, la chute des prix pétroliers a stoppé net cet élan.
«La croissance économique a visiblement été négative ou autour de zéro au cours des six premiers mois de l’année en cours (qui a débuté en mars 2015) et, à cause des élections, les statistiques n’ont pas été publiées par la Banque centrale», a affirmé l’économiste Moussa Ganinejad dans le grand quotidien économique Donayé Eghtessad.
Il ne faut pas «politiser les statistiques économiques» comme l’avait fait l’ex-président conservateur, Mahmoud Ahmadinejad, a-t-il lancé en critiquant le gouvernement. Depuis la levée des sanctions, l’Iran a augmenté ses exportations de pétrole de près de 500 000 barils/jour (contre un million précédemment). Mais le pétrole iranien est vendu à environ 25 dollars alors que le prix prévu dans le budget était de 40 dollars.
Autre handicap, les sanctions américaines qui n’ont pas été complètement levées et freinent en particulier les banques européennes. Celles-ci craignent des représailles de Washington si elles devaient financer des projets de grandes sociétés étrangères en Iran. Et malgré d’innombrables visites de délégations économiques étrangères depuis juillet 2015, peu d’accords ont été effectivement signés à ce jour.
Alors que jusque-là, le président Rohani et ses proches affirmaient que l’accord nucléaire permettrait à lui seul de régler les problèmes du pays, ils demandent désormais l’élection d’un Parlement soutenant le gouvernement pour pouvoir relancer l’économie. Le premier vice-président Es-Hagh Jahanguiri a demandé aux «électeurs» de permettre «la remise en marche de l’économie» grâce à un vote en faveur des réformateurs et des modérés pro-Rohani.
Le ministre de l’Economie a promis une croissance d’au moins 5% durant la prochaine année iranienne (qui débute le 20 mars) et une inflation de 11,6% contre environ 13% actuellement. Des objectifs difficiles à atteindre, selon nombre d’économistes.
AFP