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France : Nicolas Sarkozy condamné à se retirer de la politique


Beau joueur dans son discours d'après-défaite, Nicolas Sarkozy a fait ses adieux à la politique. (photo AFP)

C’est la fin d’une carrière de 40 ans pour Nicolas Sarkozy: éliminé dès le premier tour de la primaire de la droite pour 2017, l’ancien président voit ses ambitions balayées et son avenir se résumer à un mot banni de son vocabulaire: la retraite politique.

« Si je perds, c’est que je n’ai vraiment plus de pif », confiait-il pourtant il y a quinze jours.

L’ampleur de sa défaite n’en est que plus vertigineuse: M. Sarkozy a obtenu environ 20% des voix au premier tour de cette primaire, inédite à droite et dont il ne voulait pas au départ. Et suprême humiliation, il recueille plus de deux fois moins de voix que François Fillon (44%), son ancien Premier ministre qu’il traitait naguère de simple « collaborateur », et est largement distancé par Alain Juppé, dont il ne pensait faire qu’une bouchée au second tour.

Et dans son propre fief des Hauts-de-Seine, il recueille moins de 15% des suffrages.

Beau joueur dans son discours d’après-défaite, Nicolas Sarkozy a fait ses adieux à la politique, allant beaucoup plus loin que lors de sa déclaration de La Mutualité de 2012: « Il est temps pour moi d’aborder une vie avec plus de passion privée et moins de passion publique », a-t-il lancé sans « aucune amertume » ni « tristesse » en choisissant Fillon plutôt que Juppé pour le second tour.

Depuis plusieurs jours, les sondages donnaient des résultats très serrés, mais aucun n’avait envisagé l’éviction pure et simple dès le premier tour de l’ancien chef de l’Etat. Beaucoup d’électeurs centristes et de gauche ont, semble-t-il, voté pour ne pas prendre le « risque », selon eux, de se retrouver avec un face-à-face Le Pen/Sarkozy au second tour de la présidentielle.

« Cogner contre Bayrou lui aura finalement été fatal en faisant remonter Fillon », constate, amer, un sarkozyste.

Interrogé pendant la campagne sur ce qu’il ferait s’il perdait, M. Sarkozy avait préféré botter en touche, expliquant qu’il était là « pour gagner ». « Fin juin, je n’y croyais plus mais la campagne m’a fait changer d’avis », disait-il à un très proche ces dernières semaines.

En mai 2012, après avoir perdu face à François Hollande, il avait été plus prudent en disant qu’il ferait de la politique « autrement ».

Sans convaincre qui que ce soit. Pas même lui. Pendant les deux ans et demi qui ont suivi, M. Sarkozy s’était réfugié dans ses bureaux d’ex-président, où journalistes, élus, décideurs économiques et autres « visiteurs du soir » défilaient. L’animal politique était loin d’avoir rendu les armes.

Conférences à l’étranger

Il en avait profité pour faire de nombreuses conférences (grassement payées) à l’étranger, ce qu’il pourra désormais continuer à faire, tel Bill Clinton ou Tony Blair.

En novembre 2014, il était redevenu simple chef de parti – président de l’UMP rebaptisée par lui les Républicains – avec un unique objectif: reconquérir l’Elysée.

Sa carrière politique avait débuté en 1975. A 20 ans tout juste, Sarkozy avait su se faire remarquer par le président-fondateur du RPR, Jacques Chirac, un homme dont il admirait la charisme. Lors d’un grand rassemblement à Nice, Chirac avait interpellé le tout jeune et nouveau président des jeunes RPR. « Sarkozy, c’est toi? T’as 5 minutes, pas plus ». Le jeune homme se saisit du micro, harrangue le public en s’écriant: « être gaulliste, c’est être révolutionnaire ».

Le « patron » est bluffé. La carrière du jeune Sarkozy est lancée. Après plusieurs postes à responsabilités au sein du parti, Sarkozy, à 28 ans à peine, prend la mairie de Neuilly-sur-Seine à un Charles Pasqua sidéré par tant de culot.

A partir de 1988, il est élu sans interruption député des Hauts-de-Seine. Puis en 2007, c’est la consécration: il devient le sixième président de la Ve République, un poste auquel il pensait même « en se rasant ».

Entre-temps, il aura connu une traversée du désert, consécutive à son ralliement en 1995 à Edouard Balladur au détriment de Jacques Chirac. Une « trahison », diront les chiraquiens qui ne lui pardonneront jamais.

Le Quotidien / AFP