L’ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls a annoncé dimanche soir sa réélection de justesse dans l’Essonne, face à la candidate Farida Amrani (La France Insoumise) qui a, peu après, également revendiqué la victoire et va déposer un recours.
« Avec la prudence, bien sûr, qui s’impose ce soir, je suis élu avec 50,3% » dans la 1ère circonscription de l’Essonne, a annoncé Manuel Valls dans une ambiance très chahutée, depuis la mairie d’Evry. Il a évoqué un écart de seulement « 139 voix » avec sa concurrente.
Une quinzaine de militants de La France insoumise pro-Amrani ont perturbé son intervention, criant « tricheur, tricheur » et « Farida, Farida », après avoir réussi à pénétrer dans la mairie.
Ils ont été évacués manu militari par la police et repoussés sur les marches de l’hôtel de ville, où il y a eu des échauffourées.
S’exprimant devant la mairie, Farida Amrani a elle aussi revendiqué la victoire au second tour du scrutin et a annoncé un recours dès lundi, à travers ses avocats.
« En tant que candidate, j’ai constaté des irrégularités sur certains bureaux, et notamment un », a-t-elle assuré, avant d’ajouter: « aujourd’hui on ne reconnaît pas la victoire de l’ex-Premier ministre ». « On la revendique aussi et on annonce un recours dès demain », a poursuivi la candidate LFI.
Sophia Chikirou, la directrice de campagne du leader du mouvement, Jean-Luc Mélenchon, s’en est également pris à Manuel Valls sur Twitter, le traitant de « tricheur » et appelant à un recomptage à Evry.
« Cela concerne quatre bureaux, tous à Evry », a précisé Ulysse Rabaté, suppléant de Mme Amrani, évoquant une situation « extrêmement douteuse ». « On sera demain matin en préfecture avec les procès-verbaux. On est déjà en contact avec des avocats », a-t-il assuré.
Lors de son intervention, Manuel Valls, qui n’avait pas obtenu l’investiture En Marche! mais n’avait aucun candidat du mouvement d’Emmanuel Macron face à lui, a assuré vouloir être « utile » à la « réussite » du quinquennat d’Emmanuel Macron.
« Utile bien sûr au président de la République pour la réussite de son quinquennat. Je veux continuer à être utile pour mon pays que j’aime par dessus tout, au-delà de toutes les fractures (…) et je veux dans cette circonscription, notamment, rassembler », a déclaré l’ancien candidat malheureux à la primaire PS élargie, évoquant une campagne « parfois haineuse ».
Il est l’un des rares anciens ministres du quinquennat Hollande à rester à l’Assemblée nationale.
En cas de défaite, l’ex-locataire de Matignon n’aurait plus eu qu’un seul mandat: conseiller municipal à Evry.
Manuel Valls, 54 ans, avait reçu le soutien de plusieurs poids lourds des anciens et de l’actuel gouvernement – Bernard Cazeneuve, Jean-Yves Le Drian, François Bayrou -, de tous les maires de droite de la circonscription ainsi que celui du comité local d’En Marche!.
Il avait également bénéficié du soutien du sénateur LR de l’Essonne Serge Dassault, mis en examen pour des soupçons de fraude électorale à Corbeil-Essonnes.
Manuel Valls partait favori de ce second tour, fort de son avance de près de 2.200 voix acquise sur Mme Amrani au soir du premier tour – 25,45% des voix contre 17,61%.
Il pouvait cependant craindre un sursaut de participation, après une importante abstention au premier tour – 60% – et un report des voix défavorable dans cette circonscription où Jean-Luc Mélenchon était arrivé en tête à l’élection présidentielle.
Le Quotidien / AFP