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Espagne : la Cour suprême autorise l’exhumation de Franco


La dépouille du dictateur se trouve au "Valle de los Caidos", devenu un lieu de pèlerinage. (photo AFP)

La Cour suprême espagnole a rejeté mardi le recours des descendants de Franco et donné son feu vert à l’exhumation du dictateur de son mausolée près de Madrid. Une décision saluée comme une « victoire de la démocratie » par le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez.

Les six magistrats en charge de ce dossier ultra sensible politiquement ont « décidé à l’unanimité de rejeter dans sa totalité le recours présenté par la famille de Francisco Franco », a indiqué la Cour. Cet arrêt de la plus haute instance judiciaire du pays valide la décision du gouvernement d’exhumer Franco du « Valle de los Caidos » et de le ré-inhumer dans le cimetière plus discret d’El Pardo, au nord de Madrid, où est enterrée son épouse. « Nous vivons aujourd’hui une grande victoire de la démocratie espagnole », a déclaré Pedro Sanchez sur Twitter.

La décision de la Cour suprême, qui intervient à un mois et demi des prochaines élections, n’est toutefois pas synonyme de fin du bras de fer judiciaire. Les mêmes magistrats doivent en effet encore examiner trois autres recours présentés par la Fondation Francisco Franco, la communauté bénédictine gérant le mausolée et l’Association de défense du « Valle de los Caidos ». Mais, selon un porte-parole de la Cour, leur réponse devrait être « dans la même ligne ».

Mettre fin à l’apologie du franquisme

Et la famille ne compte pas jeter l’éponge. « Nous épuiserons tous les recours à notre portée (…) devant la Cour constitutionnelle ou devant la cour européenne des droits de l’homme », a assuré son avocat, Felipe Utrera Molina.

Par ailleurs, sur un autre front, un juge administratif madrilène, fils selon la presse d’un amiral franquiste, a suspendu de manière conservatoire il y a plusieurs mois le permis nécessaire à l’ouverture de la tombe du dictateur. Une suspension que le gouvernement devra réussir à faire lever.

Dès son arrivée au pouvoir en juin 2018, Pedro Sanchez avait fait de l’exhumation de Franco l’une de ses priorités afin que le « Valle de los Caidos » ne soit plus un lieu d’apologie du franquisme dans un pays où la question du travail de mémoire sur la dictature divise encore profondément. Mais la famille Franco s’est lancée dans une guérilla juridique et en juin, la Cour suprême avait décidé de suspendre l’exhumation, le temps d’examiner son recours, quelques jours seulement avant la date du 10 juin fixée par le gouvernement.

Opposée à l’exhumation, la famille Franco exige, si elle devait avoir lieu, que le dictateur soit enterré dans le caveau familial de la cathédrale de l’Almudena, où gît sa fille. Une solution que la Cour suprême a rejeté mardi et dont le gouvernement ne veut pas entendre parler car elle aurait pu transformer cette cathédrale du centre de Madrid en lieu de pèlerinage franquiste.

LQ/AFP