Moins d’une semaine après l’attentat de dimanche, les premiers enterrements ont commencé à Orlando, mais près de la moitié doivent se dérouler à Porto Rico, dont sont originaires beaucoup de victimes.
Un premier enterrement a eu lieu jeudi à Kissimmee, banlieue d’Orlando à forte présence hispanique, et cinq autres étaient prévus vendredi, notamment un au principal cimetière d’Orlando, le Greenwood Cemetary. Là, un espace gigantesque avait été mobilisé, tout au fond du cimetière, pour enterrer, si besoin, les 49 victimes côte à côte. L’attaque, perpétrée dans un club gay par Omar Mateen, un Américain d’origine afghane ayant prêté allégeance au groupe Etat islamique, a fait aussi 53 blessés.
Mais à ce jour, seuls quatre espaces ont été retenus, a expliqué Don Price, le responsable du lieu. Les autorités devraient profiter de l’espace restant pour installer un mémorial en hommage aux victimes du 12 juin. Don Price avait eu l’idée d’installer un gigantesque panneau noir sur la grille du fond, derrière la future sépulture, pour éviter que les automobilistes qui empruntent l’autoroute filant le long du cimetière n’assistent à l’enterrement depuis leur voiture.
Pour égayer un peu la présentation, Don Price avait fait poser des étendards arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBT (lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre), et un drapeau américain. Les trois autres enterrements de victimes à Greenwood doivent avoir lieu samedi.
Selon plusieurs sources, environ 20 victimes vont être inhumées à Porto Rico, dont sont originaires beaucoup des familles touchées par le drame, notamment celle d’Anthony Luis Laureano Disla, qui a elle choisi de rester à Orlando. Au moins quatre autres le seront au Mexique et une en République dominicaine.
Jeudi soir, avant de s’envoler pour Porto Rico, la famille de Rodolfo Ayala s’est rendue une dernière fois au mémorial du Phillips Center d’Orlando, quelques heures après le passage de Barack Obama et Joe Biden qui y avaient déposé des fleurs. Au passage, ils se sont assurés qu’un drapeau porto-ricain figurait bien parmi les objets hétéroclites disposés sur cet espace d’une centaine de mètres carrés.
Cercueil vert et orange
«Depuis que nous avons ouvert ce centre ces deux derniers jours, 94 familles et 256 personnes au total sont venues nous voir pour obtenir de l’aide», a souligné le maire d’Orlando Buddy Dyer. «Juste un exemple, plus de 200 billets d’avion ont été distribués à des familles pour qu’elles retrouvent leurs proches».
Tout comme pour le don de sang, qui a amené spontanément des milliers de personnes devant les centres de collecte de la ville, Orlando s’est mobilisée pour les obsèques, et des sociétés de pompes funèbres et des pasteurs ont proposé à ceux qui le souhaitaient d’assurer gratuitement l’organisation des funérailles. Le fleuriste Bloom Florist a lui fourni les fleurs pour les obsèques de 28 victimes, et a pu répondre aux demandes particulières de plusieurs familles.
Certaines d’entre elles avaient des demandes particulières, auxquelles ont pu répondre Bloom Florist, mais aussi l’entreprise de pompes funèbres Cardinal Casket Company. Ainsi, Cory Connell, un jeune homme de 21 ans décédé dimanche, était un fan de l’équipe universitaire de football de Miami, dont les couleurs sont l’orange et le vert foncé: Kelly Greenwood, co-propriétaire de la Cardinal Casket Company, a réussi à lui trouver un cercueil avec ces couleurs inhabituelles, vert et orange.
Si la Floride fait partie des Etats américains où la crémation est fréquente (62% en 2013 selon l’Association américaine de la crémation), Kelly Greenwood souligne que, selon son expérience, les personnes issues de la communauté hispanique choisissent plus souvent l’enterrement, quand ils en ont les moyens car c’est plus onéreux.
Pour une société qui livre, en moyenne, 30 cercueils par jour et en a un millier en stocks, 24 commandes supplémentaires ne changent pas grand chose. «C’est un petit plus pour les affaires, mais c’est dû à une tragédie», regrette Kelly Greenwood. La police locale et le FBI restent avares d’informations sur l’enquête.
L’entreprise de sécurité G4S Security Solutions, pour laquelle Mateen travaillait, avait fait une évaluation psychologique de son employé en 2007 mais n’avait pas renouvelé l’exercice en dépit de deux demandes du FBI lors de ses enquêtes sur cet homme en 2013 et 2014, a rapporté la chaîne NBC. Selon CNN, qui cite des sources anonymes, Mateen avait inscrit le nom de sa femme, Noor Salman, sur ses contrats d’assurance et lui avait donné accès à ses comptes bancaires.
Le Quotidien/AFP