Le président des États-Unis Donald Trump a essuyé mardi un double coup dur judiciaire, avec son ancien avocat qui l’a personnellement impliqué devant un juge et, simultanément, son ex-chef de campagne qui a été déclaré coupable à son procès.
Deux juridictions différentes pour deux affaires distinctes, mais une même ombre planait : celle du milliardaire, dont le mandat à la Maison Blanche est empoisonné par les affaires judiciaires qui impliquent plusieurs de ses proches et menacent de l’atteindre directement.
A New York, devant un juge fédéral de Manhattan, Michael Cohen, son ex-avocat personnel, a plaidé coupable de huit chefs d’accusation, pour fraude fiscale et bancaire et pour violation des lois sur le financement des campagnes électorales. Surtout, le juriste a reconnu avoir versé 130 000 et 150 000 dollars à deux femmes affirmant avoir eu une liaison avec Donald Trump en échange de leur silence, et ce « à la demande du candidat ». Objectif : éviter l’ébruitement d’informations « qui auraient porté préjudice au candidat ».
Cet aveu est une réelle bombe pour Trump car il sous-entend qu’il pourrait avoir lui-même commis un délit. Le locataire de la Maison Blanche a jusqu’ici nié tout acte contraire à la loi dans ces affaires. Le coup est d’autant plus spectaculaire qu’il vient d’un ancien fidèle du président qui a travaillé pour lui pendant plus de dix ans. Michael Cohen s’est résolu à « dire la vérité au sujet de Donald Trump », et a donc « témoigné sous serment » que le président américain « lui avait demandé de commettre un crime », a expliqué dans un communiqué son avocat Lanny Davis. « Si ces versements constituent un crime pour Michael Cohen, pourquoi ne constitueraient-ils pas un crime pour Donald Trump ? », a-t-il demandé.
Une « chasse aux sorcières », clame Trump
Les chefs d’inculpation retenus contre Michael Cohen, bientôt 52 ans, sont passibles de peines pouvant atteindre 65 ans de prison. Sa peine sera prononcée le 12 décembre. Au même moment, le tribunal d’Alexandria, près de Washington, a reconnu Paul Manafort, un ancien directeur de campagne de Donald Trump, coupable de fraude bancaire et fiscale. Le jury n’a prononcé qu’un verdict partiel, ne parvenant pas à s’accorder sur dix des 18 chefs d’accusation pesant contre l’ancien sulfureux lobbyiste. Mais cette décision est symbolique, car il s’agissait du premier procès émanant de l’enquête russe, cette tentaculaire investigation conduite par le procureur spécial Robert Mueller sur l’ingérence de la Russie dans la présidentielle de 2016 et sur des soupçons de collusion entre l’équipe de campagne de Donald Trump et le Kremlin.
« Je me sens très triste », a réagi le président américain en marge d’un déplacement en Virginie occidentale, au sujet de Paul Manafort, un « homme bien ». Il a en revanche éludé toutes les questions sur Michael Cohen. Donald Trump a tenu a rappeler que cette décision judiciaire n’avait en soi « rien à voir » avec une éventuelle collusion, qu’il nie farouchement depuis des mois, dénonçant une « chasse aux sorcières ». Paul Manafort, 69 ans, encourt une peine maximale de 80 années de prison.
LQ/AFP