Le président américain Donald Trump était accusé vendredi de chercher à contenir l’enquête sur les ingérences russes, qui vise certains de ses proches, et à saper l’autorité du procureur spécial Robert Mueller, nommé en mai pour assurer l’indépendance des investigations.
Le milliardaire s’est publiquement agacé que l’équipe d’enquêteurs de Robert Mueller, un ancien directeur du FBI, s’intéresse à ses propres finances et celles de sa famille, comme cela a été rapporté par plusieurs médias. « C’est une violation » du mandat de Robert Mueller, a dit le dirigeant au New York Times. Depuis son entrée en politique, il cache jalousement sa feuille d’impôts, contrairement à tous ses prédécesseurs, en insistant qu’il n’avait aucun intérêt financier en Russie.
De vieux conflits déterrés
Selon le quotidien, les avocats personnels et les collaborateurs de Donald Trump ont commencé à fouiller la vie des enquêteurs embauchés par Robert Mueller dans le but de découvrir des conflits d’intérêts qui pourraient permettre de discréditer leur travail, voire de forcer leur éviction ou celle de Mueller. Le ministère de la Justice, dont dépend le procureur spécial, ne peut le limoger que dans certains cas graves, dont le conflit d’intérêt. La décision revient théoriquement au numéro deux, Rod Rosenstein, car le ministre Jeff Sessions s’est récusé dans cette affaire.
Depuis le Bureau ovale, le septuagénaire a de nouveau raconté qu’il avait reçu Robert Mueller comme candidat à la direction du FBI en mai, la veille de sa nomination comme procureur spécial par Rod Rosenstein. Selon lui, l’ancien directeur était désireux de reprendre les rênes de la police fédérale. « Il y a de nombreux autres conflits dont je n’ai pas parlé, mais je le ferai un jour », a ajouté Donald Trump. Deux conseillers présidentiels ont même rapporté au Washington Post qu’une vieille affaire d’adhésion à un golf Trump près de Washington, que Mueller a résiliée en 2011, avait été déterrée dans le but de trouver une éventuelle rancune, ce que l’intéressé a nié par un porte-parole.
Quant aux enquêteurs chevronnés recrutés par le procureur, les alliés républicains du président martèlent depuis des semaines que plusieurs ont, dans le passé, fait des dons à des candidats démocrates; ces informations sont publiques aux États-Unis. « Il faut que les gens sachent ce qui motive les gens politiquement », a insisté vendredi Kellyanne Conway, conseillère de la Maison Blanche et ancienne directrice de campagne, sur Fox News. « Ce ne sont pas des petites sommes. Ils voulaient à l’évidence que l’autre camp gagne ».
Gracier des proches et lui-même
Enfin, le président aurait commencé à demander à son équipe juridique sous quelles conditions théoriques il pourrait gracier des proches, des membres de sa famille, voire lui-même, selon le Washington Post. La stratégie juridique de Donald Trump ne semble pas être solidement fixée, comme en témoigne un nouveau remaniement de son équipe d’avocats personnels. Mark Corallo, qui coordonnait la communication de l’équipe, a indiqué avoir quitté son poste.
Les attaques présumées de la Maison Blanche contre le procureur spécial ont suscité la colère des élus démocrates qui codirigent les enquêtes distinctes menées par des commissions du Congrès. Le mandat de Robert Mueller, défini dans une lettre, est d’enquêter sur « tout lien et/ou coordination entre le gouvernement russe et des individus associés à la campagne du président Donald Trump », mais aussi « tout sujet » découlant « directement » de ces investigations.
Pour l’élu démocrate Adam Schiff, il ne fait aucun doute que le procureur a le pouvoir d’enquêter sur les finances de Donald Trump. « Tout fait financier inconvenant entre la Russie et l’organisation Trump, tel que du blanchiment d’argent, pourrait représenter le type même de Kompromat (information compromettante) que la Russie pourrait exploiter pour influencer la politique de l’administration », a-t-il déclaré. « L’idée que le président envisage des grâces à ce stade préliminaire des investigations est extrêmement troublant », a également averti le démocrate Mark Warner, vice-président de la commission du Renseignement du Sénat.
Le Quotidien/AFP