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Deux petits bergers de Fatima canonisés par le pape François devant 500 000 fidèles


Le pape François a prononcé la rituelle formule de canonisation en portugais, sous les applaudissements des fidèles, dont certains en pleurs, massés sur l'immense esplanade du sanctuaire. (photo AFP)

Deux petits bergers portugais, Francisco Marto et sa soeur Jacinta, ont été déclarés saints samedi par le pape François au sanctuaire de Fatima, où la Vierge leur serait apparue voici cent ans, lors d’une messe devant par 500 000 pèlerins.

Après s’être recueilli sur leurs tombes dans la Basilique Notre-Dame du Rosaire, le pape François a prononcé la rituelle formule de canonisation en portugais, sous les applaudissements des fidèles, dont certains en pleurs, massés sur l’immense esplanade du sanctuaire.

Les deux bienheureux Francisco et Jacinta, emportés par la grippe espagnole à l’âge de dix et neuf ans respectivement, deviendront ainsi les plus jeunes saints de l’histoire de l’Église catholique qui ne sont pas morts en martyrs.

De nombreux pèlerins, les traits tirés, ont passé la nuit sur place, à la belle étoile. D’autres ont afflué dès l’aube, petites chaises pliantes sous le bras ou arborant le drapeau de leur pays : Espagne, Pologne, Chili, France ou encore Afrique du Sud.

Luisa Pacheco, une couturière de 48 ans de Porto, faisait son premier pèlerinage du 13 mai pour tenir une promesse faite voici 30 ans. « Je suis tombée malade et j’ai promis à Notre-Dame que je viendrais à Fatima si j’étais encore en vie pour le centenaire des apparitions », confie-t-elle. Qu’importe si elle a dormi dans sa voiture : « Ce sont nos petits bergers à nous, ça signifie tout pour nous ».

Pedro Pestana, un avocat de 46 ans arrivé à l’aube de Lisbonne, est plus assidu : il vient tous les ans « à la recherche de paix et d’énergie ». Mais pour lui, « ce pèlerinage est spécial, c’est le centenaire et le pape est là pour canoniser les bergers, pour qui je prie tout au long de l’année ».

En 1917, dans le contexte tragique de la Première Guerre mondiale et d’un gouvernement portugais anticlérical, Francisco (9 ans), Jacinta (7 ans) et leur cousine Lucia dos Santos (10 ans), bergers pieux et illettrés d’un village isolé, affirmèrent que Marie leur était apparue à six reprises tous les 13 du mois, à partir de mai. Selon leurs propos, la mère de Jésus leur aurait aussi confié trois secrets (lire encadré ci-dessous).

Miracle ou hallucination ?

Les enfants furent considérés par les autorités locales comme des perturbateurs de l’ordre public, au point d’être mis brièvement au cachot, avant d’être libérés sous la pression populaire.

Les apparitions de la « dame en blanc » que seuls virent les trois petits paysans furent ensuite accompagnées de phénomènes insolites constatés le 13 octobre par 50 000 à 70 000 curieux, venus assister à une « danse du soleil ». Miracle ou hallucination collective renforcée par un phénomène naturel ? Les avis divergent parmi les prélats catholiques. L’épisode sera en tout cas décisif pour que l’Église déclare en 1930 les apparitions dignes de foi et autorise le culte de Notre-Dame de Fatima.

Si les apparitions racontées par les petits bergers ne constituent pas un dogme auquel doivent croire tous les catholiques, leur canonisation, qui nécessitait deux miracles, est une consécration suprême pour Francisco et Jacinta.

Les parents d’un jeune garçon brésilien ont raconté jeudi à Fatima l’histoire de son rétablissement éclair, attribué aux bergers, après une grave chute, le second « miracle » nécessaire à leur canonisation. Le miraculé, Lucas, sera présent samedi dans la foule.

Le Quotidien/AFP

Trois secrets « prophétiques »

L’Église catholique reconnaît, comme les autres religions, une place au surnaturel. En commençant par la vie de Jésus, jalonnée de nombreux miracles qui attiraient les foules. La reconnaissance d’autres apparitions ou guérisons inexplicables suit une procédure longue et prudente, pour ne pas mettre en risque la crédibilité de l’Église.

Francisco et Jacinta mourront en 1919 et 1920, mais leur cousine Lucia vivra jusqu’à 97 ans avec pour mission de divulguer à l’Église le message composé de trois secrets « prophétiques » que lui aurait confié Marie. Son procès en béatification a été initié en 2008, trois ans après sa mort. Le Saint-Siège s’est longtemps montré extrêmement frileux sur les nombreux écrits de l’unique survivante, vite éloignée de Fatima et qui deviendra une religieuse carmélite.

Le dernier secret de Notre-Dame de Fatima fut même consulté en 1959 et en 1965 par deux papes, qui s’empressèrent de remettre le texte à l’abri dans les archives secrètes du Vatican ! Sa divulgation en 2000, en même temps que la béatification des deux petits bergers par le pape Jean Paul II, mit fin à plus de 80 ans de prophéties souvent apocalyptiques circulant dans le monde. Pour le pape polonais, le secret, qui a fait l’objet de nombreuses interprétations, annonçait l’attentat perpétré contre lui sur la place Saint-Pierre à Rome, le 13 mai 1981.