Le Journal de l’Association médicale canadienne a dénoncé lundi la prochaine légalisation du cannabis récréatif mercredi au Canada, une « expérience incontrôlée » que le gouvernement de Justin Trudeau devra réviser en cas de hausse de la consommation.
« Le 17 octobre, le gouvernement canadien va lancer une expérience nationale, incontrôlée, qui va opposer d’un côté les bénéfices des producteurs de cannabis et des revenus fiscaux, et de l’autre la santé des Canadiens », écrit la rédactrice en chef du Journal de l’Association médicale canadienne, Diane Kelsall. Elle demande à Ottawa de surveiller l’évolution de la consommation du cannabis, notamment chez les jeunes, et de revenir sur cette légalisation en cas d’augmentation.
« Toute augmentation de l’usage du cannabis à des fins récréatives après l’entrée en vigueur de la légalisation, autant chez les adultes que chez les jeunes, doit être vue comme un échec de la législation », prévient la rédactrice en chef. « Si finalement l’usage du cannabis augmente, le gouvernement fédéral devra avoir le courage d’admettre que la législation est imparfaite et revoir son projet ».
« Le but est de faire des bénéfices »
L’association s’inquiète particulièrement des futures stratégies marketing des producteurs de cannabis, qui se sont multipliés ces derniers mois et ont vu leur capitalisation boursière flamber. La loi fédérale, en vigueur à partir de mercredi, limite toutefois fortement le recours au marketing et à la publicité. « Leur but est de faire des bénéfices, et les bénéfices proviennent des ventes », rappelle Diane Kelsall. « Nous ne pouvons pas espérer que l’industrie du cannabis restreigne ses ambitions de croissance et se fixe comme objectif une réduction de la consommation ».
Une partie des médecins canadiens s’oppose à la légalisation du cannabis récréatif en raison notamment des risques d’augmentation de la consommation chez les jeunes. Ils dénoncent également les conséquences sur le développement du cerveau des adolescents et les conséquences sur la sécurité routière. Une étude, également publiée lundi par le journal de l’association, montre que les jeunes conducteurs voient leur risque d’avoir un accident augmenter jusqu’à cinq heures après avoir consommé de la marijuana.
Selon un sondage publié lundi, seuls trois Canadiens sur dix sont opposés à la légalisation du cannabis récréatif. A l’inverse, 46% des 3 000 adultes interrogés en ligne le mois dernier, la soutiennent et 24% l’acceptent.
LQ/AFP