Les chefs d’Etat et de gouvernement ont négocié pendant plus de 7 heures, jeudi, pour écarter, du moins temporairement, une sortie désordonnée du Royaume-Uni de l’UE. La balle est plus que jamais dans le camp britannique.
Le scénario d’un »no deal » qui hantait la nuit bruxelloise jeudi a pu finalement être désamorcé momentanément, mais le Brexit reste une bombe à retardement. Sur le coup de 23h15 jeudi, le verdict est tombé : l’UE accorde bien un répit supplémentaire au gouvernement britannique pour sortir de l’impasse qui prédomine à Londres. Il ne s’agit cependant pas du 30 juin, comme demandé mercredi par la Première ministre britannique, Theresa May. Dans le même temps, la date butoir du 29 mars, donc pile dans une semaine, n’est plus sur la table.
Il existe désormais deux scénarios, détaillés peu avant minuit par Donald Tusk, le président du Conseil européen. « Soit le Parlement britannique approuve le traité de sortie et on repousse la date du Brexit au 22 mai. Soit le vote est négatif et il nous faudra savoir avant le 12 avril quel sera le chemin que Londres compte emprunter », résume-t-il, sans cacher son soulagement.
« Je garde l’espoir que l’accord sera adopté », a ajouté Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.
«Dire au revoir et basta n’aurait servi personne»
« On a besoin d’un accord. Si ce n’est pas le cas, on se rapproche à nouveau d’un ‘no deal’, mais cette fois au 12 avril », déclarait jeudi soir le Premier ministre, Xavier Bettel. « J’ai insisté pour que le report n’aille pas au-delà de la date des élections européennes (NDLR : du 23 au 26 mai). Il m’a importé de fixer des conditions claires, tout en maintenant la pression sur Londres ».
Entre les lignes, le chef du gouvernement luxembourgeois avoue néanmoins qu’un vote favorable à la Chambre des communes est peu probable. « Garder la date butoir du 29 mars pour dire au revoir et basta n’aurait servi personne », tempère-t-il toutefois. Désormais, Xavier Bettel s’attend à ce que le camp britannique explique enfin clairement ce qu’il veut. « Pour être franc, je n’ai toujours pas bien compris quelle est leur volonté », avoue le Premier ministre.
Pas de Brexit du tout?
« Des centaines de scénarios » existeraient aujourd’hui. Une démission de Theresa May, des élections anticipées ou même une annulation du Brexit sont des options possibles Le Parlement britannique pourrait aussi prendre la main. La date du 12 avril reste cependant de mise en raison des élections européennes. « Le dernier délai pour que les Britanniques puissent organiser un scrutin est le 11 avril. Il faudra qu’ils nous disent s’ils sont encore dedans ou dehors. Aucune autre option n’existe », insiste Xavier Bettel.
La seule possibilité pour Londres d’étendre encore plus longuement le Brexit consiste en effet à élire ses députés pour le nouveau Parlement européen. « Theresa May ne le veut pas, mais si cette élection a lieu, le Royaume-Uni restera en principe encore pendant 5 ans dans l’UE », conclut le Premier ministre libéral.
Un certain imbroglio persiste donc toujours. Plus que jamais, la balle est dans le camp du Parlement britannique, appelé à prendre ses responsabilités dès la semaine prochaine.
David Marques