Le Brexit a provoqué un nouveau coup de théâtre dans la vie politique britannique, après le retrait de Boris Johnson, avec l’annonce par Nigel Farage de sa démission de la tête du parti europhobe et anti-immigration UKIP.
La décision de Nigel Farage a été critiquée par le député européen allemand Manfred Weber, chef de file au Parlement européen du groupe PPE (droite), qui a qualifié Nigel Farage sur Twitter «de dernier des lâches à abandonner le chaos dont il est responsable».
#NigelFarage is the latest coward to abandon the chaos he is responsible for. This shows that he has no credibility at all. #Brexit
— Manfred Weber (@ManfredWeber) 4 juillet 2016
Mais le leader de l’UKIP, qui n’a jamais affiché la prétention de mener les discussions avec Bruxelles, assure que la mission de sa vie politique est accomplie : sortir son pays de l’UE et sa présence à la tête du parti n’est donc plus nécessaire.
« Pendant la campagne du référendum, j’ai déclaré que je voulais récupérer mon pays. Maintenant, je dis que je veux récupérer ma vie », a déclaré cet europhobe de toujours lors d’une conférence de presse à Londres. Cet ancien trader de 52 ans, qui a cofondé l’UKIP en 1993, avait déjà démissionné de la tête du parti en 2009 puis en 2015, avant finalement de remettre le pied à l’étrier.
Désormais, « je vais continuer à soutenir le parti, à soutenir son nouveau leader, je vais observer de très près le processus de négociation à Bruxelles et intervenir de temps en temps au Parlement européen », a affirmé Nigel Farage, député européen depuis 1999.
«Sortir de l’impasse»
Dans un communiqué, il a souligné que l’UKIP pouvait encore «connaître des jours meilleurs» au cours des tumultueux mois qui s’annoncent pour le pays, dont le nouveau Premier ministre sera désigné le 9 septembre.
Face aux incertitudes qui pèsent sur l’économie du pays, le ministre des Finances George Osborne a fait un nouveau geste en direction des entreprises en annonçant, lundi, sa volonté de réduire de manière drastique l’impôt sur les sociétés. Il n’a cependant pas donné de calendrier pour cette mesure alors que sa présence dans le futur gouvernement conservateur reste incertaine.
Parmi les cinq candidats à la succession de David Cameron, Andrea Leadsom, la secrétaire d’État à l’Énergie, 53 ans et pro-Brexit, s’est engagée à « respecter » le choix des 17,4 millions de Britanniques qui ont voté pour une sortie de l’UE, espérant ouvrir les négociations avec l’Europe « le plus rapidement possible », sans toutefois donner de calendrier.
« La liberté de circulation prendra fin et le Parlement britannique décidera du nombre de personnes qui entreront chaque année dans le pays », a-t-elle annoncé dans son premier discours de candidate, hier, à Westminster.
Les deux favoris pour la succession de David Cameron restent jusqu’ici la ministre de l’Intérieur, Theresa May, et l’un des leaders de la campagne pro-Brexit, Michael Gove, ministre de la Justice. Après le ministre de la Défense Michael Fallon dimanche, Theresa May a bénéficié hier du soutien du ministre des Affaires étrangères, Philip Hammond qui a salué sa « détermination à défendre les intérêts acquis ».
Nigel Farage a lui défendu la nomination d’un Premier ministre issu des rangs pro-Brexit, tout en refusant de donner sa préférence. Après désignation des deux finalistes au poste de Premier ministre le 12 juillet par les députés conservateurs, il reviendra aux quelque 150 000 militants conservateurs de se prononcer durant l’été, avant une annonce le 9 septembre.
Dans l’autre grand parti du pays, le Labour, c’était toujours l’impasse lundi avec un chef, Jeremy Corbyn, qui s’accroche à son poste face à la fronde de 80 % de ses députés. L’ex-responsable des entreprises dans son cabinet fantôme, Angela Eagle, a menacé ouvertement de contester son autorité s’il ne démissionnait pas. « Il y a de nombreuses personnes, des députés, des membres du parti et des gens du public qui me demandent de résoudre l’impasse où nous sommes et je le ferai si rien ne se passe rapidement », a-t-elle dit sur la chaîne Sky News.