Le président chinois entame lundi le volet officiel de sa visite en France, où Emmanuel Macron tentera de le persuader de jouer selon les règles d’un multilatéralisme mal en point et alors que les Européens sont divisés face à l’offensive diplomatico-commerciale de Pékin.
Gouvernance mondiale, règles commerciales, respect de l’environnement, investissements… Le titan chinois est en train de changer la face du monde en investissant massivement un peu partout, notamment dans ses « nouvelles routes de la soie ». Emmanuel Macron aimerait cadrer ce bouleversement et trouver une position européenne commune pour y faire face.
« Cette visite va renforcer notre partenariat stratégique et affirmer le rôle de la France, de l’Europe et de la Chine en faveur d’un multilatéralisme fort », a tweeté dimanche soir le président français, après avoir reçu son homologue à Beaulieu-sur-Mer, sur la Riviera française, où les deux hommes ont dîné en compagnie de leurs épouses dans le volet privé de la visite.
Le volet le plus important de cette visite d’État se déploiera sans doute mardi matin, quand les deux dirigeants seront rejoints au palais de l’Élysée par la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
En effet, dans le panorama mondial, entre une Chine aux ambitions immenses et un Donald Trump partisan des négociations directes entre pays, le multilatéralisme est bien mal en point. L’Union européenne, gigantesque et appétissant marché, n’a pas de ligne politique claire face à Pékin et certains pays ont déjà commencé à céder aux propositions chinoises.
Depuis plusieurs années déjà, Pékin travaille au corps les pays d’Europe centrale, dans le cadre du format 16+1. La Chine a aussi investi dans plusieurs actifs stratégiques de pays membres, comme le port du Pirée en Grèce, ou le fournisseur historique d’électricité portugais.
L’Italie critiquée
Mais elle continue de monter en puissance et vient de faire adhérer un pays fondateur de l’Union, l’Italie, à son projet d’infrastructures maritimes et terrestres des « nouvelles routes de la soie ». Le gouvernement italien a signé vendredi des accords qui prévoient par exemple des investissements chinois dans les ports de Gênes et Trieste.
Une ouverture à la Chine qui préoccupe certains leaders européens, critiques envers le gouvernement populiste italien.
Le commissaire européen allemand Gunther Oettinger dit voir « avec inquiétude qu’en Italie et dans d’autres pays européens, des infrastructures d’importance stratégique comme les réseaux d’électricité, les lignes ferroviaires à grande vitesse ou les ports ne sont plus dans des mains européennes mais chinoises ». « L’Europe a un besoin urgent d’une stratégie pour la Chine, une stratégie digne de ce nom », a-t-il ajouté.
Emmanuel Macron avait appelé jeudi à une « une prise de conscience et la défense d’une souveraineté européenne » face à Pékin, qualifié par la Commission européenne de « rival systémique ».
« Dans un monde avec des géants comme la Chine, la Russie ou nos partenaires comme les États-Unis, nous ne pouvons survivre que si nous sommes unis en tant qu’Union européenne », a déclaré au Welt am Sonntag le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas.
« Si certains pays croient pouvoir faire de bonnes affaires avec les Chinois, ils seront surpris quand ils s’apercevront qu’ils sont devenus dépendants », a-t-il dit, relevant que « la Chine n’est pas une démocratie libérale » en référence au régime communiste chinois, dont les atteintes aux droits de l’Homme sont dénoncées régulièrement par de nombreuses ONG.
AFP