Marc Bertoldi, fiché au grand banditisme, est jugé lundi et mardi à Nancy pour l’enlèvement d’une jeune femme, à Mexy, en juin 2014. Son but : rançonner Gérard Lopez, le milliardaire luxembourgeois.
Une histoire de kidnapping et de rançon. Soit. Ce n’est pas courant dans notre région. Avec Marc Bertoldi comme possible organisateur. Là, ça devient captivant. Et avec Gérard Lopez, le milliardaire luxembourgeois et nouveau patron du club de football de Lille, pour victime, l’affaire prend alors une autre dimension.
Le double mètre du « Grand Marco » va se déplier demain dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Nancy. Quatre autres individus prendront place sur le banc des prévenus mais Marc Bertoldi occupera l’espace. Sa réputation le précède. Le CV du Mosellan affiche quelques lignes flatteuses pour le milieu : élevé à l’école de Serge Lepage, parrain parisien de la banlieue Sud abattu devant chez lui en 2009, Marc Bertoldi est fiché au grand banditisme. C’est déjà une forme de fierté pour le quadra. Mais pas autant que les affaires auxquelles son nom est associé. Il faut dire que le Mosellan a rapidement gravi les échelons.
Dans le passé, il est tombé pour trafic de voitures de luxe et vols. Il est passé par la prison après des années de cavale, à fuir autant les forces de l’ordre que les bandes rivales. Ce que ce père de famille nomme « les risques du métier ». Ces dernières années, il avait pris de la distance avec la Lorraine, où il ne revenait que pour voir certains membres de la famille. Mais pas son père, Jean-Claude Bertoldi, mouillé dans plusieurs affaires politico-financières. « Pas le bon exemple », disent des proches.
Jugé en septembre en Belgique
Le géant au faux air de Quentin Tarantino avait gagné le Sud de la France, avant de partir s’installer au Maroc. Le nom de Marc Bertoldi est revenu sur le devant de la scène après le spectaculaire braquage mené en février 2013 sur le tarmac de l’aéroport de Zaventem, à Bruxelles. Huit hommes grimés en policiers et armés surprennent des convoyeurs. Résultat : 120 sacs de diamants envolés, un butin d’une valeur de 40 millions d’euros. La justice belge voit derrière cette affaire, menée sans qu’aucun coup de feu ne soit tiré, le savoir-faire de Marc Bertoldi et de braqueurs d’Ixelles, un quartier bruxellois. Incarcéré six mois, le Messin a été remis en liberté au moment où l’enquête s’enlisait. Il sera jugé avec les autres en septembre prochain.
Auparavant, il est donc attendu ce lundi à Nancy pour une rocambolesque affaire de rapt commis le 29 juin 2014, en pleine nuit. Gérard Lopez se trouve chez Stéphanie Turci, à Mexy, quand des individus au visage dissimulé sous des cagoules jaillissent de l’obscurité. Menacé avec une arme, l’homme d’affaires ne peut empêcher le commando d’emmener la jeune femme. Elle est libérée trois jours plus tard. Marc Bertoldi, qui est un proche de la famille, participe à la libération et la ramène chez ses parents.
Bon Samaritain, Marc Bertoldi ? Un certain nombre de coïncidences pour le moins « curieuses », confie une source, font penser aux enquêteurs du SRPJ de Nancy et à la juridiction interrégionale spécialisée de Nancy qu’il est bien plus que cela. Il serait, d’après les investigations, la tête pensante du coup destiné à soutirer de l’argent à Gérard Lopez, lequel a versé 300 000 € au sauveur de son amie. Mais si l’on suit les enquêteurs, Bertoldi en espérait beaucoup plus. Jusqu’ici, il a toujours nié les faits.
Kevin Grethen (Le Républicain Lorrain)