C’est fait ! Un petit bout de route pour l’Homme, un grand pas pour les frontaliers. Les élus français et luxembourgeois ont inauguré ce vendredi 6,5 km de bitume sur la liaison dite «Micheville-Belval».
Le raccord entre les deux cités (Villerupt / Esch-sur-Alzette) n’est pas opérationnel. Il faudra attendre l’automne pour cela. La portion inaugurée correspond à la partie meurthe-et-mosellane du projet (en vert sur la carte ci-dessous), plus en amont de la frontière donc, entre Tiercelet et Micheville-Villerupt.
Les travaux avaient été entamés dès 2012. La note finale s’élève à 14,2 millions d’euros pour les Français. Cette 2×1 voie va permettre de désengorger Villerupt et Thil en un premier temps.
Mais il est difficile, en l’état, d’envisager l’impact réel du nouveau tronçon sur le trafic routier : d’un côté la frontière avec Belval n’est toujours pas accessible, de l’autre la liaison A30 vers Tiercelet n’est absolument pas praticable. Il faut traverser tout le petit village, avec ses zones limitées à 20 km/h et ses ruelles qui serpentent, avant de rejoindre le début du tronçon !
Les habitants d’Hussigny-Godbrange vont également bénéficier de ce tronçon qui va leur simplifier la route s’ils se rendent à Esch-sur-Alzette. Mais bon… les résidents de ce bassin, comme on le sait, ont plutôt tendance à rejoindre Differdange par la route des bois (D26A) quand ils vont au Grand-Duché. Pas sûr qu’il y ait beaucoup de candidats.
Une partie de la route sera limitée à 50 km/h pour des raisons de sécurité, en raison de la présence de nombreux gibiers (sangliers, chevreuils…).
« Tout cela vivra grâce à la nouvelle route »
Quoiqu’il en soit, les élus des deux bords ont salué cette ouverture: « Il faut bien distinguer le flux frontalier de la vie qu’il va y avoir sur le site grâce à la nouvelle route », précise Alain Casoni, le maire de Villerupt. « Du logement va pousser ici, un pôle culturel aussi. Une zone naturelle va être mise en protection… Tout cela vivra grâce à la nouvelle route. »
Le tronçon a d’ailleurs déjà un certain vécu : durant la dernière année de travaux, une douzaine d’associations ont été sollicitées pour faire découvrir l’axe. « Nous avions proposé une belle rando », se souviennent les membres du roller-club d’Herserange. « Nous espérons également que les paysages naturels de Micheville seront un atout pour Belval au Luxembourg », revient Alain Casoni. « Eux c’est la grosse ville, nous on proposera un peu de campagne », sourit-il.
Pour mémoire, le projet de liaison est dans les cartons depuis les années 2000. L’État luxembourgeois doit régler 350 millions d’euros sur la facture globale, dont 12,5 millions d’euros sur le territoire français. Objectif ? Organiser le trafic pour rejoindre un vaste ensemble en reconversion : les friches industrielles de Micheville (à cheval sur Villerupt et Audun-le-Tiche) et d’Esch-Belval, horizon d’usines au temps de la sidérurgie, pôle étudiant, résidentiel, culturel et commercial aujourd’hui… un territoire équivalent à 2 200 terrains de football. Vive l’Euro(pe) !
Hubert Gamelon