Le petit Lucas, 7 ans, poignardé jeudi à Jœuf (près de Briey en Meurthe-et-Moselle), est mort des suites de ses blessures ce lundi soir, a annoncé le procureur de Nancy, Thomas Pison. La petite commune de 6700 habitants est ébranlée.
Lucas, le petit garçon de 7 ans poignardé jeudi 15 octobre en rentrant de l’école à Joeuf par un homme souffrant de troubles psychiatriques, est mort lundi soir des suites de ses blessures, a annoncé le procureur de Nancy. Le petit garçon rentrait de l’école, vers 16h, lorsqu’un homme l’avait attrapé et poignardé à 7 reprises au thorax et à l’abdomen.
Mis en déroute par un policier qui n’était pas en service, l’agresseur s’était rendu immédiatement à la police de Briey, à 7 km de là. Lucas, héliporté à l’hôpital de Nancy et opéré dans la nuit de jeudi à vendredi, était depuis dans un état grave. L’enfant «est mort à 18h40 au CHU de Brabois», a précisé le procureur de la République de Nancy, Thomas Pison, ajoutant qu’un juge d’instruction avait été saisi et qu’une autopsie serait pratiquée mardi.
« Un couteau de boucher »
Selon un témoin direct, un homme de 90 ans, l’agresseur l’a frappé avec «un grand couteau, un couteau de boucher», dans une petite ruelle où il venait souvent jouer. L’agresseur présumé, qui s’était muré dans le silence après s’être rendu, souffre selon un expert qui l’a examiné, de «troubles psychiatriques» qui ont altéré son jugement, sans toutefois l’abolir. Il est de ce fait responsable pénalement et encourt la réclusion à perpétuité.
Sans emploi et vivant au domicile familial, le suspect, né en 1985, avait déjà été condamné en 2013 dans le Midi de la France «pour des faits de violence à l’occasion d’un épisode d’alcoolisation». Mais le dossier à l’époque n’avait pas révélé de «dangerosité particulière», avait indiqué le procureur de Briey vendredi, soulignant que le suspect n’avait «aucun antécédent de prise en charge en milieu hospitalier spécialisé».
Téléphone saisi
L’affaire a été transférée au procureur de Nancy, où le suspect a été déféré vendredi. Il a été mis en examen pour «tentative d’homicide aggravé par la circonstance que les faits ont été commis sur mineur de 15 ans» et placé sous mandat de dépôt. Le téléphone portable d’une voisine, qui avait filmé une partie de la scène, a été saisi, selon Yves Le Clair, le procureur de Briey.
Dimanche, une marche de soutien à la famille du petit garçon avait été organisée à Joeuf, commune de 6 700 habitants située à 30 km au nord-ouest de Metz et 40 km au sud de la frontière luxembourgeoise. Plus de 2 000 personnes y avaient participé, parcourant en silence la distance séparant la mairie du lieu du drame, où des fleurs et une bougie avaient été déposés. Au premier rang du cortège se trouvaient le frère de Lucas, Paolo, des proches de la famille et les grands-parents du petit garçon. A l’arrivée dans l’impasse, la grand-mère avait tenu a remercier les personnes présentes et brandi le doudou de son petit-fils, un coussin avec un mouton dessus. Le grand-père, effondré, avait espéré que son petit-fils se réveillerait «sans séquelle».
Le Républicain lorrain
« Une terrible nouvelle » (maire de Jœuf), « Je suis effondré » (directeur de la MJC)
André Corzani, maire de Jœuf, a réagi ce lundi soir à l’annonce du décès de Lucas : « Cette nouvelle est terrible pour les parents. Elle m’affecte profondément. La marche silencieuse de dimanche matin à Jœuf, un immense mouvement de solidarité, était porteuse d’espoir. Le choc de cette nouvelle est d’autant plus violent. L’état de santé de Lucas était stable mais je demeurais très inquiet. La municipalité et moi-même, nous savons ce que l’on va faire pour la famille. On va les aider autant que possible. »
Patrice Goeuriot, entraîneur du Joeuf-Homécourt Basket-Club et animateur des activités sportives dans le cadre scolaire : » Ce garçon avait choisi de suivre l’option « basket » pendant les heures de périscolaire. Ce n’est pas moi qui l’encadrait mais j’ai dû le voir trois ou quatre fois. Sa famille était arrivée sur Joeuf récemment et il était élève à l’école Génibois. Depuis cet événement dramatique, j’ai son visage bien en tête, forcément. On est tous abasourdi qu’une chose pareille ait pu se passer ! »
Véronique Lucietto, inspectrice de l’Education nationale pour la circonscription de Jarny : » Mon sentiment est celui de tout le monde. On pense aux parents, à la famille, aux enseignants, aux enfants, à tous ceux qui connaissaient Lucas. C’est un drame. Quelque chose d’impensable. On ne peut pas imaginer qu’un enfant se fasse agresser comme cela. Comme je l’ai indiqué sur le mot adressé aux parents avant les vacances, des psychologues vont intervenir à l’école. L’Education nationale va accompagner du mieux qu’elle peut les enseignants, les élèves et même les parents qui en auraient besoin. »
Jacky Carraro, directeur de la MJC de Jœuf : « Cela fait quatre nuits que je ne dors plus. Oui, je le connaissais bien. Un bon gamin qui participait à toutes les activités péri-éducatives. Vraiment, je suis effondré. »
Pascale Frangiamore, adjointe à la culture et à la jeunesse à Jœuf : « Deux familles sont brisées. La maman du petit Lucas est très gentille. Et que doit penser la maman de l’agresseur ? On éprouve de la colère… On ne comprend pas. »
Réactions à Jœuf au lendemain de l’agression :
Enfant poignardé : Jœuf sous le choc par republicain-lorrain