La Ville va re-signer avec l’École nationale d’architecture de Nancy qui l’aidera, peut-être, à décrocher son classement Unesco, un jour.
Comment se faire remarquer entre les îles Marquises, les plages du débarquement, le massif du Mont-Blanc, l’ensemble des grottes à concrétions du sud de la France et les villes antiques de la Narbonnaise… ? Pas en agitant les bras et en claquant des doigts. Obtenir son classement au patrimoine mondial de l’Unesco est une affaire sérieuse que Metz prend très au sérieux depuis qu’elle a intégré la short-list des sites français (à retrouver ici) pouvant prétendre à décrocher, un de ces jours, le saint Graal.
Sachant que la France ne peut présenter plus de deux sites par an, dont un naturel, sachant que la renommée patrimoniale de Metz n’est pas celle des alignements de Carnac (leur classement au Patrimoine mondial de l’humanité est défendu par le non moins mondialement connu paléontologue français Yves Coppens) ou de la cathédrale Saint-Denis, dernière demeure des souverains français, sachant encore qu’il faut convaincre de la portée planétaire de l’histoire et du patrimoine messins, la capitale mosellane et d’Austrasie a encore du pain sur la planche avant de toucher au but.
Vu l’ampleur de la tâche, Metz la re-belle s’apprête à renouer un partenariat avec l’École nationale d’architecture de Nancy ( Ensan ) qui lui a déjà confectionné une maquette en bois de sa place d’Armes et de ses alentours, reprenant les plans de l’architecte et urbaniste Jean-François Blondel qui sera un peu l’homme de l’année prochaine. « Le père de l’architecture classique du XVIIIe siècle », selon le maire de Metz, et « pape de l’architecture » tout court, selon Hacène Lekadir, adjoint à la culture, a été choisi pour incarner la Metz renaissante et moderne, bien que les références d’un classicisme extrême de Blondel n’aient jamais rien eu ni de modernes ni de renaissantes.
Son œuvre et son apport à la ville de Metz, puisque c’est lui qui a redessiné les alentours de la cathédrale, feront l’objet d’une exposition en 2017, à la Cité de l’architecture à Paris, puis à l’Arsenal de Metz. Cet événement ira étoffer le dossier Unesco et se glisser aux côtés de monographies à paraître sur les architectes contemporains qui ont apporté plus récemment leur pierre à la construction de la cité, comme Rudy Ricciotti, Jean Dubuisson ou Roger-Henri Expert.
D’un autre côté, il est prévu d’impliquer les étudiants en architecture de l’ Ensan dans des actions locales : ateliers, concours de maîtrise d’œuvre, création de sentiers architecturaux… afin de « passer d’une vision figée du patrimoine à une vision dynamique ». L’intérêt de tout cela : montrer que Metz n’est pas un sanctuaire et continue d’être une terre irriguée. Faire savoir aussi que la ville a une identité propre, dont la valeur pourrait être universelle. Comme l’exige l’Unesco.
Thierry Fedrigo