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Au bord du gouffre financier, il dort dans sa voiture pour suivre une formation


(Photo : Le Républicain Lorrain)

Anthony Hamzaoui, 28 ans, a perdu son emploi il y a quelques mois. Le jeune Meusien tente de rebondir, il travaille à la création d’une entreprise spécialisée dans la réparation de téléphones.

Chemise bleue bien repassée, ordinateur sous le bras. Anthony Hamzaoui sourit mais ses traits trahissent fatigue et inquiétude. Il vient de rentrer chez lui, à Dompcevrin, en Meuse, après trois semaines passées à Aix-en-Provence pour les besoins d’une formation professionnelle. En difficultés financières, pour assister à ses cours, le jeune homme a dormi dans sa voiture : « Ma carte bancaire est bloquée. Mes prélèvements sont rejetés. Il ne me reste qu’une trentaine d’euros pour finir le mois».

Une spirale infernale

Le jeune homme a raconté sa descente aux enfers à L’Est Républicain. Il y a quelques mois encore, il avait une situation : «En 2023 j’ai été embauché en CDD comme conducteur de bus au Luxembourg. Un soir, en février dernier, en rentrant du travail, j’ai eu un accident non responsable. Mon contrat de travail n’a pas été renouvelé après mon arrêt maladie. J’ai perçu mon salaire pour le mois de février, mais il a fallu vivre en mars, avril avec la petite indemnité de l’assurance maladie luxembourgeoise».

Depuis, c’est l’engrenage. Anthony Hamzaoui creuse son découvert autorisé. « Chaque mois je dois payer 430 euros pour mon logement social et 343 euros de crédit pour ma voiture. J’ai eu une grosse facture énergétique. J’ai commencé à vivre à découvert. […] Je me suis mobilisé pour trouver cette formation qui me permettra d’atteindre mon objectif, créer une entreprise de réparations d’appareils connectés, comme les téléphones. J’ai pris contact avec ma banque pour expliquer ma situation. Ils me facturent tout un tas de frais. Des frais pour mon découvert, des frais de rejet de prélèvement, des frais de gestion de compte. Tout s’accumule. J’ai demandé un crédit, ce serait préférable. Mais il a été refusé. »

Anthony Hamzaoui ne se décourage pas, son projet d’entreprise, il y tient. « Mon conseiller France Travail m’a fait remplir une demande d’aide individuelle à la formation. J’ai également rempli un dossier de demande d’aide à la mobilité. Le 24 mai, j’ai eu l’accord pour intégrer la formation qui m’intéressait à 800 kilomètres de chez moi, mais l’aide à la mobilité, elle, a été refusée ».

«Quand on dort dans sa voiture, on est vulnérable»

Anthony décide de suivre sa formation malgré tout. À défaut de pouvoir s’offrir une chambre d’hôtel, il s’installe dans sa voiture : « Arrivé à Aix-en-Provence, j’ai garé ma voiture dans une voie sans issue. J’ai dormi trois semaines sur la banquette arrière. J’avais du mal à dormir. Quand on dort dans sa voiture, on est vulnérable. Je me réveillais au moindre bruit. J’ai trouvé une station-service poids lourd où je pouvais aller aux toilettes et me laver gratuitement. Pour ne pas m’enfoncer un peu plus, je me fixais un budget maximum de 5 euros pour manger. Malgré cela, j’ai dépensé plus de 450 euros. Une nuit, j’ai craqué. J’ai dormi dans un lit, je n’en pouvais plus ».

Le jeune homme a depuis retrouvé son appartement. Il continue à consigner ses dépenses dans un tableur Excel, à classer ses tickets de caisse. « J’ai du mal à payer mon loyer. Sans aide, dormir dans ma voiture pourrait bien devenir une nécessité. Je suis toujours dans le rouge ». 1.000 euros de découvert, c’est la dette qui le fait glisser doucement vers la précarité. « Plus mon découvert se creuse, plus j’ai de mal à honorer mes factures. C’est une spirale infernale ».

Une lettre à l’Élysée

Malgré ses galères, le jeune Meusien reste combatif : « Je me lève et je travaille tous les jours sur mon projet d’entreprise. J’ai des rendez-vous. Je frappe à toutes les portes pour assainir ma situation. Le 11 juin, j’ai écrit à l’Élysée pour raconter mon histoire. Ils m’ont répondu dès le lendemain ».

La réponse précise que la demande d’aide d’Anthony Hamzaoui sera relayée auprès du préfet de la Meuse et de la direction générale de France Travail dans les meilleurs délais : « Je suis motivé, bosseur. J’ai besoin qu’on me fasse confiance, qu’on me tende la main. Cette formation, ce projet d’entreprise, c’est ma bouée de sauvetage. Nous sommes nombreux, invisibles, à dormir dans notre voiture. Si j’ai choisi de raconter mon histoire, c’est parce qu’il est temps que les choses changent pour ceux qui cherchent à se réinsérer et garder leur dignité ».

 

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