Au lendemain de l’interpellation de cinq personnes dans le cercle de la famille Villemin, dont trois étaient toujours en garde à vue jeudi, le procureur général de Dijon s’exprimait sur l’affaire Grégory dans l’après-midi lors d’une conférence de presse. Il a notamment fait une révélation sur les lettres de menaces anonymes.
« Quelques jours avant le passage à l’acte, des repérages et surveillances ont été réalisés, opérés par un homme portant une moustache et quelques fois accompagné d’une femme », a précisé Jean-Jacques Bosc, ajoutant que l’enquête s’oriente vers la vérification des emplois du temps des suspects dans le cadre de leur garde à vue. Ces trois personnes – Marcel et Jacqueline Jacob (frère et belle-sœur des grands-parents Villemin), et Ginette Villemin (belle-sœur de Jean-Marie Villemin) ont invoqué leur droit au silence, a ajouté le procureur.
« Plusieurs personnes ont concouru à la réalisation du crime », a ensuite déclaré le procureur, expliquant que les expertises en graphologie ont été intéressantes et ont pu faire progresser les enquêteurs sur le chemin de la vérité.
Et une première révélation est apparue : Jacqueline Jacob, la grand-tante de Grégory actuellement parmi les gardés à vue, a été reconnue comme l’auteure de l’une des lettres manuscrites de menaces envoyée au couple Villemin en 1983, un an avant le drame. Pour autant, l’affaire Grégory ne trouve pas encore son épilogue. « Je ne suis pas venu aujourd’hui vous dire que l’affaire était résolue. Je ne sais pas qui est l’auteur », a tempéré le procureur devant l’ardeur suscitée depuis cet incroyable rebondissement près de 33 ans après les faits.
De nouvelles incohérences à comprendre
Les expertises graphologiques sont au cœur de l’enquête, à défaut d’analyses ADN probantes, le dossier étant riche en lettres de menaces et autres courriers anonymes. Monique Villemin, grand-mère de l’enfant entendue mercredi comme témoin dans les Vosges, aurait elle écrit une lettre de menaces envoyée au juge d’instruction chargé de l’affaire en 1989. Les enquêteurs se sont aussi penchés à de nombreuses reprises sur le mystérieux corbeau ayant revendiqué le meurtre de l’enfant en invoquant une « vengeance », en particulier dans une lettre postée apparemment avant la découverte du corps en 1984. Là, les expertises n’ont pas permis d’en identifier l’auteur mais le courrier présente des similitudes, dans le style, avec la lettre de 1983, selon le procureur général.
« Sur le fond, il n’y a pas d’éléments nouveaux », souligne-t-on de source proche de l’enquête mais le logiciel d’analyse criminelle Anacrim, conçu et utilisé par la gendarmerie, a permis d’avoir « un regard neuf sur la procédure ». Avec cet outil, les gendarmes ont reconstitué la chronologie des jours ayant précédé et suivi le crime, de façon à positionner dans l’espace et dans le temps l’ensemble des protagonistes et des éléments considérés comme intéressants. Le logiciel a ainsi mis au jour de nouvelles incohérences, que les enquêteurs cherchent à comprendre.
Le Quotidien/AFP