Cinq personnes se trouvaient toujours en garde à vue jeudi dans l’enquête sur l’incendie d’une voiture de police à Paris dans laquelle se trouvaient deux agents, une attaque d’une rare violence dont ils sont sortis légèrement blessés.
Parmi ces cinq hommes, dont quatre sont âgés de 18 à 21 ans et le cinquième de 32 ans, trois avaient fait l’objet d’interdictions de manifester pour la journée de mobilisation de mardi contre la loi travail, sur la base de la loi sur l’état d’urgence instauré après les attentats de novembre. L’un d’eux, âgé de 21 ans et identifié comme appartenant à la mouvance antifasciste, faisait partie des neuf militants qui avaient obtenu mardi devant le tribunal administratif une suspension de cette interdiction, justifiée le plus souvent par le préfet de police par la participation à des manifestations ayant déjà dégénéré.
Mais le tribunal avait retenu une «atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’aller et venir et à celle de manifester». Mercredi, alors même que des policiers manifestaient place de la République contre la «haine anti-flics», une contre-manifestation interdite s’est tenue au même endroit contre les «violences policières». Aux cris de «Flics, porcs, assassins» ou «Tout le monde déteste la police», des manifestants ont été repoussés par un imposant dispositif de sécurité.
Non loin de là, une quinzaine d’entre eux ont alors attaqué et incendié une voiture de police, alors que les deux fonctionnaires, un homme et une femme, étaient à l’intérieur. Des vidéos diffusées sur internet montrent une personne briser la fenêtre conducteur, puis une autre porter plusieurs coups au policier. Un homme portant une capuche lance alors ce qui ressemble à un fumigène par la lunette arrière, également brisée, provoquant l’embrasement du véhicule et forçant les deux agents, légèrement blessés, à en sortir.
Sur les images, on voit une personne qui semble aider la policière à sortir, côté passager.
Vidéosurveillance et ADN
Ces vidéos avaient déjà été visionnées plus de sept millions de fois jeudi après-midi, un score parmi les plus élevés jamais enregistrés en France pour une vidéo d’information, selon le site Facebook. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique et dégradation volontaire par incendie. Les cinq personnes en garde à vue ont été identifiées grâce à des «renseignements» mais les investigations confiées au 2e district de la police judiciaire (DPJ) parisienne devront établir leur participation à ces violents incidents et leur rôle exact, a expliqué une source proche de l’enquête.
Des images de vidéosurveillance devaient être exploitées. Selon une autre source proche de l’enquête, des traces ADN ont été relevées sur la scène de l’agression. Cette attaque a suscité une vague d’indignation, au moment où le gouvernement et la droite apportaient leur soutien aux policiers, qui manifestaient leur lassitude face aux «casseurs» et aux violences qui émaillent les manifestations contre la réforme du code du travail depuis plus de deux mois.
Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a demandé mercredi soir au préfet de police de Paris, Michel Cadot, «de reprendre» les interdictions de manifester «pour une liste d’individus» dont les actions relèvent «de la barbarie». Ce dernier a pris 19 nouvelles interdictions pour jeudi, septième journée de mobilisation contre la loi El Khomri. Le préfet Cadot a également appelé les manifestants à se «dissocier» des casseurs.
Le Premier ministre Manuel Valls a souhaité des «sanctions implacables» contre ceux «qui veulent se payer un flic, qui veulent tuer un policier». Alors que l’état d’urgence a été prolongé jeudi jusqu’à fin juillet par le Parlement, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a pour sa part souligné «son attachement indéfectible à la liberté de manifester», mais déploré «les actes de violence et de vandalisme».
Le Quotidien/AFP