Une centaine d’organisations ont signé un appel exigeant la sortie de l’état d’urgence mis en place en France après les attentats du 13 novembre, plusieurs d’entre elles dénonçant ses « dérives », lors d’une conférence de presse jeudi à Paris.
« L’état d’urgence doit cesser alors qu’on nous parle de sa prorogation », a déclaré Françoise Dumont, présidente de la Ligue des droits de l’Homme. La LDH est signataire de cet appel, aux côtés de dizaines d’associations (Droit au logement, Maison des potes, Réseau Education sans frontières…) et de syndicats (CGT, Unef, UNL…).
« Notre pays doit lutter contre le terrorisme mais sans s’accommoder de mesures disproportionnées (…), qui stigmatisent toute une partie de la population, divisent et sont contre-productives », a poursuivi la militante. Laurence Blisson, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, a dénoncé des perquisitions administratives et assignations à résidence décidées dans le cadre de l’état d’urgence, qui se basent sur la « seule suspicion, sur des infos très peu étayées ».
« Les citoyens de confession musulmane ont été pris pour cibles par le gouvernement », s’est insurgé Yasser Louati, porte-parole du CCIF. Il a rappelé que des mosquées ont été perquisitionnées et fermées et qu’aux Mureaux (Yvelines), les policiers ont fouillé la mosquée accompagnés de chiens, ce qui a « outré » la communauté des fidèles.
2700 perquisitions
Représentant plusieurs associations issues de l’immigration, Mohamed Ben Saïd a fustigé la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés Français convaincus de terrorisme, que François Hollande souhaite inscrire dans la constitution. Pour le militant, il s’agit d' »une mesure très discriminatoire qui ne règle pas le problème du terrorisme ». Les organisations pointent aussi du doigt l’interdiction des rassemblements et manifestations, notamment dans le cadre de la COP21, qui s’est achevée le 12 décembre.
Depuis l’instauration de l’état d’urgence après les attentats de Paris, 2 700 perquisitions administratives ont été menées et 360 personnes assignées à résidence, selon la chancellerie. Au total, 488 procédures judiciaires ont été engagées, dont une majorité concerne des infractions à la législation sur les armes (187 procédures) et sur les stupéfiants (167 procédures).
AFP