Douze Portugais sont décédés dans un accident de la route survenu dans la nuit de jeudi à vendredi après une collision entre leur véhicule – un véhicule utilitaire léger parti de Suisse pour rejoindre le Portugal – et un poids lourd sur une route très dangereuse de l’Allier.
L’accident s’est produit peu avant minuit sur la commune de Montbeugny près de Moulins, sur la route nationale 79, une portion de la fameuse RCEA (Route Centre-Europe Atlantique) qui traverse la France d’est en ouest. Selon la préfecture, le véhicule « a dévié de sa route pour une raison encore indéterminée et percuté en choc frontal un poids lourd venant en sens inverse » et les douze passagers, « a priori tous de nationalité portugaise », qui allaient fêter Pâques dans leur pays, sont décédés. Une fillette de sept ans figure parmi les victimes, selon une source judiciaire.
Le conducteur est blessé, comme les deux conducteurs italiens du poids lourd, qui transportait de la viande. Mais leurs jours ne sont pas en danger, a précisé la préfecture. Une quatrième personne est blessée: il s’agit du propriétaire du véhicule transportant les douze victimes qui roulait dans un autre véhicule, selon une source judiciaire. Les détails de son implication dans l’accident n’étaient pas encore précisés.
Tous seront entendus par les enquêteurs dès que possible. Il s’agira notamment de vérifier que le véhicule, présenté dans un premier temps comme un minibus, était bien aux normes. Car ce véhicule de type Mercedes Sprinter ressemble davantage à un utilitaire léger qu’à un véhicule de transport de passagers. Sa porte coulissante est vitrée mais le reste de la carrosserie est tôlé, selon les photos de l’épave. « C’est certainement un véhicule aménagé », souligne la source judiciaire.
« Le véhicule avait des sièges à l’arrière et les passagers n’étaient pas assis par terre, mais l’enquête devra déterminer notamment si le véhicule était autorisé à transporter douze personnes », indique-t-on également auprès de la gendarmerie. Une chapelle ardente a été dressée en salle des fêtes de Montbeugny. Pour les proches des victimes, un numéro vert (0033 (0)811 00 06 03) a été mis en place. Devant la salle des fêtes, les pompes funèbres et un camion de l’identification criminelle avaient pris place au lever du jour, selon un photographe.
Le conducteur du véhicule n’avait pas bu, d’après un test d’alcoolémie. Le parquet de Moulins a ouvert une enquête sur les circonstances de l’accident, confiée à la gendarmerie. Pourquoi le véhicule a-t-il dévié de sa trajectoire ? Le chauffeur s’est-il endormi ? La vitesse est-elle en cause ? Autant de questions auxquelles elle devra répondre.
Une route « monotone » et dangereuse
Cette route est en tout cas connue pour sa dangerosité. « Elle est assez monotone, la vitesse est limitée à 90 km/h. Il y a ceux qui s’impatientent et ceux qui s’endorment », a relevé la source judiciaire. Et il n’y a que quatre zones de dépassement dans le secteur. « Ça fait plus de 40 ans qu’on parle de la mettre en deux fois deux voies », souligne cette même source. C’est « la route la plus meurtrière de France. Quand on fait le cumul, c’est 15 morts en une année, on ne sait pas ce qu’il faut » pour améliorer la sécurité, a lancé un conseiller municipal à une journaliste, citant le surnom de « route de la mort » que lui donnent les habitants de la région.
Résultat: de nombreux chocs, des poids lourds et des voitures qui se frôlent et parfois des carambolages. Dont témoignent, sur les bords, des silhouettes de cadavres positionnées par la Sécurité routière pour sensibiliser les automobilistes. Pour autant, cette nationale, rouverte à la circulation vendredi peu après 9H00, n’est pas concernée par la récente expérimentation de baisse de la vitesse maximale autorisée, de 90 km/h à 80 km/h, lancée sur des tronçons de trois routes de France.
Initialement, les portions « bidirectionnelles » de la RCEA dans l’Allier et la Saône-et-Loire devaient pourtant être concernées par cette mesure. La préfecture, qui tiendra en matinée une conférence de presse, a tenu à rappeler les règles de prudence, particulièrement lors du week-end de Pâques, « traditionnellement meurtrier sur les routes ». Cet accident s’ajoute à une liste déjà bien noire ces derniers mois. En février, la collision entre un autocar scolaire et un poids lourd en Charente-Maritime avait tué six adolescents, au lendemain de la sortie de route d’un car qui avait fait deux morts dans le Doubs. En octobre, 43 personnes avaient trouvé la mort dans un accident de car en Gironde, le plus grave depuis celui survenu à Beaune en 1982, qui avait fait 53 morts.
Le Quotidien/AFP