Gérant d’un vidéo-club et de discothèques au Portugal il y a 20 ans, Jorge Mendes est aujourd’hui le super-agent du foot, avec des clients comme Cristiano Ronaldo, et désormais au cœur du scandale des « Football Leaks » sur l’évasion fiscale dans le monde du ballon rond.
Surnommé « le requin » par des agents concurrents, Mendes aimait jusqu’ici la discrétion. L’homme âgé de 50 ans se fait rare en interview. Il n’apparaissait que furtivement dans les galas autour du foot, teint hâlé, sourire impeccable à la George Clooney, téléphone en main ou à l’oreille, toujours connecté avec la centaine de joueurs ou coachs dont il gère les intérêts.
Mais depuis vendredi soir son nom et son visage font les gros titres. L’enquête sur les Football Leaks, réalisée par plusieurs médias européens, dénonce ainsi « les rouages du système de dissimulation fiscale mis en place » par le Portugais, pour « soustraire au moins 185 millions d’euros de revenus de sponsoring à la vue des administrations fiscales, via un réseau de société écrans et de comptes offshore en Irlande, aux Iles vierges Britanniques, au Panama et en Suisse ».
Self-made man
Mendes conteste vigoureusement ces accusations. Mais ses méthodes ont toujours suscité des suspicions. Il fut un des premiers à exploiter la propriété des joueurs par des tiers, comme les fonds d’investissements, pratique aujourd’hui interdite par la Fifa. L’Obs écrivait ainsi en 2013 qu’il avait créé une société, Quality Sports II Investments, basée dans le paradis fiscal de Jersey, qui promettait « à de riches investisseurs de miser gros sur des joueurs en devenir afin de percevoir d’éventuels bénéfices sur un transfert futur ».
L’histoire de Mendes était jusqu’ici celle d’un self-made man. Fils d’un ouvrier de l’industrie pétrochimique de la banlieue de Lisbonne, il a quitté la capitale portugaise à tout juste 19 ans pour s’installer dans la région de Viana do Castelo, où il s’est vite révélé dans les affaires.
Le vidéo-club ouvert a prospéré et l’homme a rencontré son tout premier joueur, le gardien Nuno Espirito Santo, dans une discothèque qu’il gérait à l’époque. Mendes, ancien footballeur semi-professionnel, commença dès lors à tisser des liens étroits avec les joueurs portugais qu’il approchait en étendant son réseau et avec les recruteurs envoyés par des clubs étrangers.
« J’ai toute confiance en lui », disait Ronaldo
« Il travaille beaucoup avec ses joueurs et s’occupe d’eux en permanence », notait pour sa part il y a quelques années Florentino Perez, le président du Real Madrid, où Mendes avait casé Ronaldo, en provenance de Manchester Uinited, pour 94 millions d’euros.
« J’ai toute confiance en lui. C’est un grand-frère pour moi, un père dans le monde du football et le parrain de mon fils », affirmait en 2012 CR7, aujourd’hui lui aussi dans la tourmente de ce retentissant scandale.
« Jorge Mendes est pour moi un grand ami, plus qu’un agent. Nos carrières ont débuté au même moment et heureusement les choses se sont bien passées pour nous deux », soulignait de son côté l’entraîneur José Mourinho qui a emmené avec lui plusieurs joueurs portugais représentés par l’agent quand il avait rejoint Chelsea une première fois en provenance de Porto en 2004.
Aujourd’hui, Mendes, « Mou » et CR7 font tous l’objet des accusations des Football Leaks.
Le Quotidien/AFP