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BGL Ligue – Momar N’Diaye : « J’ai fait le choix du Fola »


Momar N'Diaye, meilleur joueur de la saison et buteur de la Jeunesse, souhaite rejoindre le Fola Esch. (photo archives Julien Garroy)

Momar N’Diaye est le meilleur joueur de la saison. Parce qu’il a été décisif, parce qu’il a affiché une mentalité irréprochable, parce qu’il a le sens du sacrifice. Et il espère que ça l’aidera… à mieux partir.

L’attaquant sénégalais aura été LA bonne pioche de la saison eschoise, voire même de la saison tout court. Et il ne l’explique pas que par ses statistiques, mais aussi par un certain rapport au groupe.

Le Quotidien : Que vous est-il arrivé en ce mois de mai qui vous a vu prendre feu avec dix buts inscrits en l’espace de trois rencontres?

Momar N’Diaye  : Il m’est arrivé de la réussite et d’avoir des partenaires derrière moi qui ont fait le boulot. Moi, j’avais juste la chance d’être là. C’était vraiment un bon moment.

Avez-vous déjà connu un tel état de grâce au long de votre carrière?

Non. Pour être franc, c’est bien la première fois que ça m’arrive. Mettre un quadruplé, cela m’était déjà arrivé, mais c’était une rareté. Alors deux de suite… Je ne vais pas vous mentir  : en entrant sur le terrain à Niederkorn, faire un troisième quadruplé de suite, j’y pensais. Il y a bien une expression qui dit « jamais deux sans trois »! Si cela m’était arrivé, ç’aurait été fabuleux, même sublime! Mais je ne vais pas cracher pour autant sur ce doublé contre le Progrès.

Vos partenaires auraient aimé vous pousser vers le titre de meilleur buteur de la saison?

On en a rigolé, eux et moi. Ils m’ont chambré en me disant que sur mes dix buts, je n’avais dû, la plupart du temps, que la pousser au fond. Mais moi, ça me va! Le ballon, il suffit qu’il franchisse la ligne, quel que soit le moyen! J’ai toujours pensé comme ça. Avant le Progrès, ils m’ont dit  : « On va jouer pour toi parce que tu le mérites. »

Et pourtant, vous n’avez pas terminé meilleur buteur…

Ce n’était de toute façon pas un objectif personnel. Ma saison, je l’ai faite, et l’objectif de la 4 e place est atteint. Il ne nous reste plus qu’à compter sur le F91 (NDLR  : qui doit gagner la Coupe pour rendre cette 4 e place qualificative pour l’Europa League). Là, je pars une semaine en vacances à Dubai et je ne sais pas si je rentre samedi ou dimanche. Si c’est samedi, alors je serai au stade. Si c’est dimanche, alors je suivrai ça sur internet. Je suis très lié avec Dikaba, Laurienté ou Nakache. Qu’ils se fassent plaisir, parce que moi, j’aimerais bien être à leur place!

Mais pas à celle de Julien Jahier, donc?

Bon, hier, j’étais un peu frustré quand même. En sortant du terrain, je n’ai pas vraiment demandé ce qu’il avait fait. Mes coéquipiers, si. Ils le vivaient encore plus que moi et on savait dès la pause qu’il avait déjà mis un doublé. Ce n’est pas grave, c’était déjà super à vivre d’avoir toute cette équipe derrière moi, prête à m’aider.

Au moins, Bryan Mélisse, lui, aura terminé meilleur passeur…

Lui aussi était dans un moment de grâce en mai. Il a vraiment rattrapé tout le monde? C’est normal, c’est un bosseur, un vrai pro dans sa tête.

Grâce à quoi pensez-vous avoir été élu meilleur joueur de la saison? Qu’est-ce qui a justifié le niveau élevé de vos notes tout au long de la saison?

Je suis pro et j’essaie de l’être sur et en dehors du terrain. Je suis toujours disponible pour mon équipe et c’est peut-être ce qui a fait la différence. C’est un sport collectif alors on n’a pas le choix, il faut s’y mettre et être disponible pour tous et tout le temps.

Par exemple, en acceptant les plans de jeu parfois très défensifs face aux grandes équipes, qui vous laissent absolument seul en pointe, à courir après le ballon?

C’est un sacrifice qu’il fallait faire et accepter. On ne peut pas se dire « j’attends devant que le ballon arrive ». Non, ce ballon, il faut bien le récupérer. Ce travail, il fallait le faire pour l’équipe.

Enfin, vous avez quand même traversé de sacrées périodes de désert cette saison, à galoper comme un fou, seul devant…

Même quand c’est dur, il faut tenir le cap. On travaille pour un groupe et le coach n’a même pas eu besoin de me convaincre  : le coach a toujours raison! Même si on n’aime pas trop, il faut le faire parce que c’est pour l’équipe.

Certains, comme Arsène Menèssou, l’ont fait, mais en râlant, en le disant. Résultat  : il part.

Chacun a son caractère. On ne peut pas tous être pareils. Moi, je pense qu’il est mieux de faire ces sacrifices pour qu’à la fin du match, on puisse tous se regarder les yeux dans les yeux et se dire, justement, qu’on a fait le boulot ensemble. J’ai toujours considéré que je devais être irréprochable et montrer le bon exemple. Et si on doit se dire les choses, alors que ce soit avec respect. C’est important pour tous les jeunes qui sont arrivés dans l’équipe cette saison et qui commencent leur carrière. J’ai assez d’expérience pour avoir tenu ce rôle de médiateur et que ça ait été bien pris. Dans cette équipe, quand les uns parlaient, les autres écoutaient, et c’est ce qui a rendu notre saison normale.

Serez-vous encore là la saison prochaine?

Je ne sais pas. Je suis en train de voir. J’ai reçu des propositions de certains clubs.

C’e st celle du Fola qui vous a convaincue.

Oui … j’avais quelque chose avec le Fola. Ils m’ont fait une bonne proposition qui méritait d’être étudiée. Et j’ai donné mon accord pour y aller du moment que le Fola trouve un accord avec la Jeunesse.

Qui va réclamer une somme (NDLR  : aux alentours de 60  000  euros selon nos informations) que le Fola n’acceptera vraisemblablement pas de payer.

Si les deux clubs ne trouvent pas de terrain d’entente et que je suis bloqué, je n’exclus pas de repartir à l’étranger, mais ce serait dommage. J’aimerais tellement que tout se passe bien et que tout le monde soit gagnant…

Vous estimez-vous bloqué par ce réglement qui fait que vous appartenez pour trois ans à la Jeunesse au-delà de l’année de contrat que vous aviez signée?

Ce n’est pas moi qui ai fait cette loi luxembourgeoise. Je trouve dommage qu’on entrave la libre circulation des travailleurs. Parce que ce réglement-là, il me bloque. Ce serait tellement bien si la circulation était facilitée! Parce que se sentir bien dans un club pendant trois ans, c’est quand même difficile.

Comment évoluera la situation à votre retour de Dubai?

Je vais demander à mon club de penser à moi. Car ce départ est important pour moi. En tant que footballeur professionnel, j’ai besoin de stabilité et cette stabilité, le Fola peut me l’offrir. J’ai fait le choix du Fola parce qu’ils m’offrent quelque chose de bien pour mon avenir et que j’ai besoin de cette assurance en tant que pro. D’ailleurs, je leur ai donné ma parole. Les gens ne doivent pas oublier que moi, je vis de ça, je vis du foot. J’espère que personne ne l’oubliera, que les gens qui vont discuter de mon avenir oublieront la rivalité entre les deux clubs et penseront aussi un peu à moi.

Et si les deux clubs échouent à s’entendre, vous ne resterez de toute façon pas à la Jeunesse?

Pour le moment, j’envisage tout. Peut-être même que la Jeunesse n’ait plus envie de moi. Mais si je suis venu, c’est pour m’installer dans le coin.

Julien Mollereau