À la barre mardi, les prévenus ont dit ne pas s’être approprié frauduleusement du carburant. Des camionneurs leur auraient donné leur carte de paiement.
Depuis lundi, six prévenus d’origine roumaine âgés entre 27 et 42 ans comparaissent devant la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement pour avoir soustrait plusieurs milliers de litres de carburant à l’aide de cartes de paiement manipulées.
«Tu connais la clôture près des autocars sur l’aire de Berchem. (…) En bas du deuxième pilier, je l’ai mise dans un gant.» Ce n’est qu’une des nombreuses conversations téléphoniques interceptées qui a permis aux enquêteurs de confirmer l’implication des prévenus dans cette affaire de vaste trafic de cartes de paiement de carburant. «J’attends que Mada vienne de Roumanie. Il arrive demain pour que je puisse aller travailler un peu.» Cet échange de SMS entre deux prévenus date de mai 2014, l’époque où il y avait eu toutes les fraudes sur l’aide de Capellen.
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Mardi, au deuxième jour du procès, la parole était aux prévenus. Confrontés aux images des caméras de surveillance des stations-services et aux écoutes téléphoniques, ils ont dû s’expliquer. Le prévenu Ionut D., décrit par les enquêteurs comme le chef du groupe, avait été identifié en premier grâce aux images où on l’aperçoit en train de faire le plein. Les écoutes téléphoniques avaient révélé par la suite qu’il ne travaillait pas seul et que des camionneurs en transit le contactaient pour lui demander s’il pouvait les ravitailler en carburant. À son domicile, les enquêteurs avaient découvert une citerne de 1 000 litres monté sur un véhicule. À la barre mardi, il a tenté d’expliquer que c’était pour ses besoins personnels. Quant au matériel de skimming retrouvé chez lui, il indique : «Je n’ai jamais utilisé ces trucs-là.» Le matériel proviendrait d’autres Roumains. Il prétend que ce sont des camionneurs qui lui ont donné leur carte de carburant. À la suite de quoi il aurait confectionné une copie avant de leur rendre.
Un tribunal sceptique
Ce n’est pas le seul prévenu dont le tribunal a du mal à croire les déclarations. Alors que devant le juge d’instruction, Daniel H. affirmait ne jamais avoir eu une carte de carburant en main, mardi à la barre il a indiqué que sa relation avec Ionut D. était strictement professionnelle. Ainsi, il a expliqué que son patron lui avait donné une carte de paiement en lui disant de faire le plein d’un camion d’un certain chauffeur avec qui il s’était mis d’accord. Il aurait donc simplement exécuté les ordres de son employeur.
Pendant près de trois heures, l’enquêteur a décortiqué les différentes observations et écoutes. Ce qui n’a pas empêché les prévenus de contester la fraude. Au juge d’instruction, Vasile C. avait raconté qu’un camionneur au Luxembourg lui avait vendu plusieurs cartes de carburant pour 6 000 à 8 000 euros : «Je l’ai payé au fur et à mesure des ventes de carburant.» Mardi, il a confirmé que les cartes en sa possession provenaient d’un chauffeur qui les lui avait données. Enfin, l’enquêteur a noté que Vasile C. a écopé de 15 mois de prison avec sursis dans une affaire similaire de fraude de carburant en Autriche.
Le procès se poursuit cet après-midi avec les plaidoiries.
Fabienne Armborst