Jeudi, le fils a témoigné s’être figé lorsque son père l’a menacé d’une arme. Douze mois et une amende ont été requis contre le septuagénaire.
Poursuivi pour avoir menacé avec une arme à feu son épouse et son fils à son domicile de Foetz, le 26 novembre 2014, un homme de 78 ans était convoqué jeudi à la barre de la 12e chambre correctionnelle. «Avant de me suicider, je vais d’abord vous tuer», leur aurait-il lancé.
« Je me suis simplement menacé moi-même. C’était une mise en scène, une simulation. » Tels ont été les mots du prévenu de 78 ans qui s’est avancé à la barre en chaise roulante en compagnie d’un aide-soignant. Le septuagénaire conteste avoir pointé son revolver en direction de son épouse et de son fils le 26 novembre 2014 en début de soirée. Il explique avoir tenté de simuler une tentative de suicide pour empêcher son fils de mettre fin à ses jours. «À ce moment-là, il n’y avait pas besoin de charger l’arme», intervient le président de la 12e chambre correctionnelle. Après son interpellation, le septuagénaire avait passé cinq mois et demi en prison.
En raison de problèmes de santé, l’épouse, mariée depuis 47 ans avec le prévenu le soir de l’altercation, n’a pas pu témoigner jeudi à la barre. Mais le fils, âgé aujourd’hui de 48 ans, a confirmé les menaces proférées. «C’était assez ridicule. J’étais invité à manger des marrons grillés chez mes parents. Je devais rester une demi-heure», se souvient-il. Selon le fils, son père aurait explosé car il avait dépassé de deux minutes la demi-heure de visite convenue. Il se serait alors mis à gesticuler et à l’insulter.
Le fils confirme que son père a fait mine de vouloir se suicider dans le salon. «Il avait l’arme sous le cou.» Mais ce n’est pas tout : «Et puis, il a pointé l’arme sur moi. J’ai vu ses doigts commencer à appuyer sur la détente. Il était à deux mètres de moi. J’étais paralysé par la peur.» Le quadragénaire avait porté plainte contre son père. La police était intervenue au domicile et avait saisi les cinq armes dont le fils avait fait état.
Dans le cadre de l’enquête, le fils ainsi que le père avaient été soumis à une expertise psychiatrique. Dans son rapport, l’expert retient la forte personnalité du septuagénaire, mais écarte tout état d’aliénation : «Malgré son âge avancé, ce n’est pas un malade mental. Il est totalement responsable de ses actes.» Quant au fils, l’expert indique qu’il est en grande souffrance psychologique depuis des années à cause de son père. Le quadragénaire lui avait décrit sa vie familiale comme un cauchemar et avait qualifié son père comme «le plus toxique de sa vie».
«Il a toujours attribué son mal-être à son père. Il exprime une haine tenace face à lui», récapitule le psychiatre. L’expert évoque la possibilité d’une altération de son discernement qui a pu se produire le jour des faits. Ce qui signifie qu’il a pu surinterpréter un geste menaçant envers lui.
«Convaincu d’être un bon père de famille»
«Comment expliquez-vous la mauvaise relation avec votre fils ?», a cherché à savoir le président. «Je n’ai menacé personne. Ce sont eux qui se sont approchés de moi. Je suis convaincu d’être un bon père de famille.» Le président : «Vous êtes le seul à penser ainsi.»
Selon l’avocat du prévenu, les faits ont pris racine dans un passé conflictuel de longue date. Cependant, il y aurait des incohérences entre les différentes déclarations des témoins dans le dossier : «Les personnes ont visiblement un petit peu chargé la mule.» Me Frédéric Mioli estime que, dans ce contexte d’incompréhension, le fils a interprété tout ce que faisait son père comme étant dirigé contre lui. «Il se victimise.» L’avocat conclut que le doute doit bénéficier au prévenu. Quant à la détention des cinq armes, il précise que son client était en possession d’un permis. «Ce sont des cadeaux qu’il a reçus tout au long de sa carrière.»
Du côté du parquet, c’est un autre son de cloche. «C’est un fait que toutes les parties confirment qu’il y a eu des menaces, considère le représentant du ministère public. À un certain moment, il a pointé l’arme sur les deux personnes qui sont entrées dans la pièce. Même s’il n’avait pas l’intention de tirer, la menace était donnée.»
«Le fait d’aller à la police porter plainte contre son propre père suffit pour démontrer qu’il y a une menace», enchaîne-t-il. Le parquet requiert douze mois de prison et une amende ainsi que la confiscation des objets saisis. Le fils, quant à lui, s’est constitué partie civile et réclame aujourd’hui 28 000 euros de dommages et intérêts à son père.
Le 12 janvier, le tribunal rendra son jugement.
Fabienne Armborst