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Un entraîneur de foot jugé pour abus sexuels sur mineurs


Le parquet reproche au prévenu d'avoir profité de sa position d'entraîneur de foot et abusé de six mineurs. (illustration Editpress/Gerry Schmit)

Depuis mardi, un entraîneur de foot comparaît devant le tribunal correctionnel pour abus sexuels sur mineurs.

Les faits reprochés au prévenu âgé aujourd’hui de 22 ans remontent à une période comprise entre la fin 2013 et l’été 2015. À l’époque, il était entraîneur de football auprès de jeunes. À plusieurs mineurs, il aurait fait des propositions sexuelles sur Facebook. À côté de ce grooming, il est également poursuivi pour attentats à la pudeur, viols et détention de matériel pédopornographique.

Après avoir été une première fois interpellé début juin 2015, l’entraîneur avait été placé sous contrôle judiciaire avec notamment l’interdiction de travailler avec des mineurs et d’entrer en contact avec les victimes présumées. Mais dès le 1er septembre 2015, il avait retrouvé un poste d’entraîneur auprès d’une équipe de jeunes du FC Differdange 03. La nouvelle avait fini par remonter jusqu’aux oreilles de la police judiciaire. Le 18 novembre 2015, alors qu’il organisait un entraînement, il était arrêté par les agents de la police judiciaire.

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Depuis, il est en détention préventive à Schrassig (le Quotidien révélait le 15 janvier 2016 cette affaire de violation du contrôle judiciaire). Le parquet reproche au prévenu d’avoir abusé de six mineurs, dont sa petite amie. À l’époque cette dernière avait 15 ans. Or n’ayant pas atteint l’âge de 16 ans, elle n’était pas en état de donner son consentement libre. Ce qui signifie que les relations sexuelles qu’ils ont eues sont réputées être un viol. Les autres faits pour lesquels le prévenu comparaît aujourd’hui concernent avant tout des jeunes qu’il a contactés via Facebook.

Des chaussures de luxe en contrepartie

C’est début juin 2015 qu’une première plainte est déposée à la section de la protection de la jeunesse de la police judiciaire. Une mère appelle les enquêteurs pour signaler qu’elle vient de trouver 1 700 euros en liquide sur son fils de 15 ans. Un autre fait qui l’intrigue sont les chaussures de luxe qu’il porte. Dans l’immédiat, le jeune n’est pas content de devoir se confier à la police. Lors de son audition vidéo, il finit par déclarer avoir été le 18 avril 2015 victime d’abus sexuels dans les vestiaires du club de foot du Swift Hesperange, où le prévenu officiait à l’époque. Le mineur explique avoir fait sa connaissance sur Facebook. Il dit avoir accepté ce deal pour obtenir en contrepartie ses «chaussures de rêve» d’une marque de luxe. Au final, il dit avoir reçu 2 000 euros, le 4 juin, avec la condition de garder le silence.

D’après l’enquête, ce n’est pas le seul jeune à avoir subi des attouchements sexuels. D’autres jeunes entraînés à l’époque par le prévenu auraient également été victimes. Tous étaient de la même classe d’âge. L’enquêteur constate que le prévenu a toujours employé le même modus operandi : après avoir fait des propositions sexuelles sur Facebook, il y avait la rencontre lors de laquelle il y avait certains attouchements ou pas.

«Il a abusé de sa position d’entraîneur», a récapitulé l’enquêteur, mardi, en soulevant que l’entraîneur était dans l’ensemble respecté et apprécié. L’enquête a toutefois révélé que la collaboration avec le Swift Hesperange n’avait pas été reconduite, car du côté du club on estimait qu’il était «trop proche des garçons».

«Il n’est pas atteint d’une pathologie mentale»

«Le prévenu n’est atteint d’aucune pathologie mentale qui atténuerait sa responsabilité», a constaté l’expert en neuropsychiatrie. Selon ce dernier, il n’est pas pédophile, mais il a des difficultés à intégrer son homosexualité. Il aurait aussi une très mauvaise conscience de soi et du mal à se confier à des personnes adultes. Toujours selon l’expert, le prévenu ne considère pas comme grave ce qu’ont vécu les mineurs. Car lui-même, à cet âge, aurait eu une expérience positive avec un garçon dans le cadre de leur relation. Mais à l’expert, il a confié qu’il était conscient que ce qu’il avait fait avec les jeunes était illégal. L’expert a parlé d’un pronostic réservé.

À côté des multiples messages Facebook que le prévenu a envoyés aux mineurs, les enquêteurs avaient également trouvé 49 photos à caractère pédopornographique sur son ordinateur.

Lors de sa première prise de position mardi, le prévenu a reconnu une partie des faits. Il conteste néanmoins le viol sur le mineur, dans le vestiaire, en date du 18 avril 2015. Or pour le psychologue qui a examiné la victime, il n’y a aucun doute sur la crédibilité de ses dépositions. Le procès se poursuit jeudi après-midi à 15h. Ce sera alors au tour du prévenu de s’expliquer plus en détail.

Fabienne Armborst