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Procès du braquage de G4S à Gasperich


L'attaque contre le siège de la firme avait été violente. Les malfrats n'ont pas hésité à mitrailler les policiers. (Photo archives François Aussems)

Dans la nuit du 2 au 3 avril 2013, vers 3h40, une bande lourdement armée attaquait le siège du transporteur de fonds G4S, situé dans la rue du Père-Raphaël à Gasperich. L’attaque avait été très violente. Les auteurs n’avaient pas hésité à mitrailler les policiers pour couvrir leur fuite.

Depuis lundi, quatre hommes comparaissent devant la chambre criminelle du tribunal d’arrondissement. Le parquet leur reproche d’avoir participé à cette organisation criminelle visant le groupe G4S. Pèsent sur eux des tentatives de meurtre et une rébellion contre la police. Alors que Dogan S. (44 ans) et Anouar B. (35 ans) sont actuellement en détention préventive à Schrassig, Cihan G. (31 ans) et Simon S. (26 ans) sont placés sous contrôle judiciaire. Les quatre prévenus, résidant tous en Belgique, contestent les faits.

Dès le début de l’audience, la défense a demandé qu’on enlève les menottes et les chaînes aux pieds de Dogan S. et Anouar B. afin de leur permettre de prendre des notes. La chambre criminelle s’est dite incompétente pour décider de ce point, estimant que cela relevait de la compétence des services de sécurité.

«La confrontation avec la police était clairement programmée d’avance.» Tels étaient les mots employés, lundi après-midi, par l’enquêteur de la police, section grand banditisme. Il a parlé d’au moins six hommes armés. Lors de la présentation de son rapport, il est revenu sur la chronologie du braquage. Sur les images des caméras de surveillance du siège du transporteur de fonds G4S (visualisées en salle d’audience) apparaissent quatre hommes cagoulés et lourdement armés qui pénètrent dans le bâtiment après avoir disposé des charges d’explosifs sur la porte d’accès. Les individus sont équipés de deux kalachnikovs, d’un pistolet et d’une arme à feu automatique du type UZI. Ils veulent accéder au bureau de transport où les fonds sont traités. Après une explosion ratée, ils recourent à une disqueuse pour briser le verre blindé. Sans succès, une nouvelle charge d’explosif est nécessaire. Pendant ce temps, deux individus, lourdement armés, font le guet dans la rue.

La bande «était très bien préparée»

L’action captée par les caméras de surveillance ne dure pas plus de huit minutes. «Ils ont agi tranquillement, sans panique», note l’enquêteur. Après n’avoir rien trouvé, ils quittent les lieux. L’enquêteur a parlé d’une bande «très bien préparée». Elle avait garé ses deux véhicules à 150 mètres du siège dans un chemin. «Comme ce n’était pas une route, la police n’a pas reconnu tout de suite ce chemin de fuite.» Pour couvrir leur retraite, les individus n’ont pas hésité à tirer. À Gasperich, pas moins de 38 coups de feu sont tirés visant à la fois les agents de police et des maisons avoisinantes. «Un tir a même transpercé des volets», précise l’enquêteur.

Les braqueurs finissent pas s’engouffrer dans leurs véhicules avant de filer à toute allure par l’autoroute en direction de la Belgique. Ils quittent l’autoroute A6 à la hauteur de Garnich/Windhof. En direction de Garnich, ils croisent une patrouille de police. Le pneu crevé et le pare-chocs traînant sur le sol attirent l’attention des agents. Ces derniers font donc demi-tour. Sur la butte, ils sont accueillis par pas moins de 47 coups de feu. «Sur la carrosserie de la voiture de police ont été relevés dix impacts et une éraflure», note l’enquêteur. Parallèlement à cette manœuvre, les braqueurs mettent le feu à leur Audi avant de prendre la fuite avec l’autre voiture. À 80 mètres du véhicule brûlé, la police technique retrouvera par la suite deux bidons.

D’après l’enquêteur, il est possible que les individus se soient déjà équipés avant le braquage à cet endroit et qu’ils y aient fait le plein grâce aux deux bidons d’essence. Ce qui expliquerait aussi la présence des deux bidons déposés dans l’herbe. Les bidons d’essence ne sont pas les seules pièces à conviction retrouvées sur les lieux du crime et contenant des traces ADN. À Garnich, la police technique a également saisi des gants en plastique et à Gasperich, c’étaient un câble électrique et une pile de 12 volts «importante pour l’enquête».

«Ces faits ont beaucoup de ressemblances avec des attaques perpétrées à l’étranger à l’époque», note l’enquêteur. Dès novembre 2010, dans les pays voisins, comme aux Pays-Bas, les attaques contre fourgons et coffres-forts s’étaient multipliées. «On a donc pris contact avec les collègues des pays voisins. La piste de Charleroi est rapidement tombée.» Le procès se poursuit ce mardi après-midi. Le deuxième enquêteur se penchera alors sur le volet de l’enquête portant sur la piste de Charleroi.

Fabienne Armborst