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Parents violents : neuf mois de prison requis


«On ne les a jamais emmenés aux urgences», s'est défendue la mère, âgée de 47 ans. (illustration AFP)

Poursuivi pour avoir régulièrement frappé ses cinq fils, un couple comparaissait mardi devant le tribunal. Le parquet ne s’oppose pas à un sursis intégral.

Ceinture en cuir, manche à balai, cuillère en bois et câbles. Le parquet reproche aux deux parents d’avoir régulièrement infligé des coups et blessures à leurs cinq enfants en utilisant un véritable arsenal. Père et mère étaient convoqués, mardi matin, devant la 13e chambre correctionnelle. Sans avocat, ils se sont présentés à la barre. Ils ont reconnu avoir porté des coups à leurs enfants, mais contesté les blessures. «On ne les a jamais emmenés aux urgences», s’est ainsi défendue la mère, âgée de 47 ans. Le père (51 ans), quant à lui, assure qu’ils ont toujours donné une bonne éducation à leurs enfants.

L’enquête avait été déclenchée à la suite d’un signalement du SPOS du lycée. Début décembre 2016, le troisième des fils, âgé alors de 12 ans, s’y était présenté en pleurs après avoir une nouvelle fois été frappé par son père. Lors de son audition à la police, il s’était avéré que toute la fratrie avait déjà reçu des coups des parents, en moyenne une fois par mois : cela allait de la simple gifle aux coups à l’aide d’objets. «La ceinture se trouvait dans un tiroir dans l’entrée, le manche à balai à la cave et pour le câble c’était toujours celui qui était à portée de main», avait-il détaillé.

Le garçon avait, par ailleurs, parlé d’un épisode qui l’avait particulièrement touché : sa mère avait ordonné à ses trois frères de l’immobiliser afin qu’elle puisse le frapper. L’explication de la quadragénaire à la police avait été la suivante : c’était pour qu’elle vise son derrière et pas autre chose. Lors de son audition à la police, la mère avait exposé une autre de ses méthodes d’éducation. Après avoir allumé une bougie, elle dit avoir expliqué à ses fils : «Vous savez ce qui arrive à ceux qui volent, on leur brûle la main.» Elle avait toutefois précisé ne jamais avoir appliqué cette méthode.

«Ce n’est pas parce qu’on tape qu’on les déteste»

«On n’est pas des parents qui se lèvent pour taper du matin au soir nos enfants !», a insisté la mère au foyer, face aux juges. «On a grandi dans un milieu au Sénégal où on donne des fessées. Ce n’est pas parce qu’on tape un enfant qu’on le déteste. Mais c’est pour qu’il prenne le bon chemin.»

«Vous êtes au Luxembourg depuis 21 ans. Ici c’est interdit de frapper les enfants tout court», a essayé d’inculquer la présidente aux prévenus à deux reprises. Car par tous les moyens, la mère a tenté de défendre sa méthode d’éducation : «Chaque fois qu’on est appelés au conseil d’école, on est félicités», «Nos enfants nous adorent»…

Le fin mot des parents était toutefois qu’ils avaient renoncé à toute violence. «La méthode n’était pas la bonne», a concédé le père. Et la mère d’insister : «On a fait des erreurs. Depuis qu’on nous a dit d’arrêter, on a arrêté.»

Au final, le parquet a requis neuf mois de prison à l’égard des deux parents. «Les parents sont là pour poser des limites. Mais il faut trouver d’autres moyens que la violence physique pour cadrer et sanctionner les enfants», a considéré le représentant du parquet. Vu l’absence d’antécédents judiciaires, il estime que leur peine peut être intégralement assortie d’un sursis. Afin de ne pas pénaliser la famille, le parquet a demandé au tribunal de faire abstraction de toute amende.

L’administrateur ad hoc des cinq enfants s’est constitué partie civile dans cette affaire. Me Julie Durand demande 500 euros de dommages pour chaque enfant, sauf pour celui qui a dénoncé les faits. Pour ce dernier, l’avocate réclame 1 000 euros.

Prononcé le 10 janvier.

Fabienne Armborst

Un commentaire

  1. « Sursis intégral » ben voyons ! battez vos gosses, tant qu’ils restent en vie où est le problème ? Honteux !!!