Accueil | Police-Justice | Mineure violée : dix ans requis contre le quinquagénaire

Mineure violée : dix ans requis contre le quinquagénaire


La chambre criminelle rendra son jugement le 9 janvier. (illustration Jean-Claude Ernst)

Pour le parquet, il n’y a pas lieu de retenir des circonstances atténuantes pour le quinquagénaire qui fournissait de la drogue contre des prestations sexuelles.

Au total, le parquet reproche au quinquagénaire d’avoir violé dix fois la mineure, âgée au début de 13 ans, entre fin 2015 et début 2016. À la barre de la 9e chambre criminelle, mardi après-midi, le prévenu (55 ans), qui se trouve en détention préventive depuis janvier 2016, a déclaré avoir couché seulement deux fois avec l’adolescente. Lors de la première visite, il prétend en effet qu’il y aurait uniquement eu des attouchements. «Je l’ai pelotée», voilà ses termes. Il concède toutefois avoir été au courant de son jeune âge dès sa première visite. «Mais ce n’est pas moi qui ai amené les filles chez moi. Ce n’est pas non plus moi qui leur ai donné mon adresse», s’est-il vite défendu.

Selon le quinquagénaire, au total, l’adolescente serait venue quatre fois le voir dans son appartement, avenue Émile-Reuter à Luxembourg, pour obtenir de la drogue. Mais elle n’aurait pas eu les moyens de payer. En échange de la drogue, il aurait donc accepté ses prestations en nature.

«J’assume mon erreur»

«Je sais que c’était une erreur. Vous avez tout à fait raison madame la présidente. Je m’excuse. J’assume mon erreur», a, par ailleurs, lâché le quinquagénaire au cours de son audition qui aura duré près d’une heure et demie. «Vous êtes attiré par les mineures ?», l’a enfin questionné la présidente. Sa réponse était catégorique : «Non, j’étais sous l’effet de la drogue. Sinon il n’y a pas moyen.»

Outre les infractions du viol et de la corruption de mineur, cet ancien chauffeur de taxi est poursuivi pour trafic de drogue. Ce trafic, il ne l’a pas vraiment contesté mardi. Ce n’est d’ailleurs pas sa première affaire de stupéfiants. Déjà en 2006, il avait écopé de quatre ans de prison. «J’ai recommencé avec la cocaïne en 2011 quand mon fils est mort. J’ai perdu les pédales», a-t-il expliqué. Il aurait donc importé la cocaïne de Belgique et des Pays-Bas avant de la revendre, pour la plupart, à des clients qu’il transportait en taxi. Les bagagistes d’hôtel qui l’appelaient auraient joué les intermédiaires. En tout, il dit avoir eu une dizaine de clients. Le reste de la marchandise, il l’aurait consommée lui-même.

Il a perdu « toute notion de moralité »

Me Gennaro Pietropaolo a plaidé que «la prise de stupéfiants a fait perdre toute notion de moralité à son client». Il a demandé de ne pas retenir le premier viol pour cause de doute. Mais le parquet a fait entendre un autre son de cloche. Même si la mineure a fini par changer sa version en ce qui concerne l’auteur du premier viol, il n’y aurait pas de doute que le quinquagénaire l’a commis.

Le prévenu conteste le nombre de viols qui lui sont reprochés. «Il n’y a pas de raison de croire que ce que la mineure raconte n’est pas conforme à la réalité», a rétorqué le substitut, qui n’a pas manqué de faire référence à l’autobiographie allemande Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… : «Quand on entend certains témoins dans notre dossier, on se croit dans ce livre.»

Pour la représentante du parquet, il n’y a pas lieu de retenir des circonstances atténuantes pour le quinquagénaire. Au total, elle a requis dix ans de réclusion, une amende et une interdiction de conduire de 18 mois. Enfin, elle a demandé que soit prononcée contre lui une interdiction d’exercer une activité impliquant un contact habituel avec des mineurs.

Contre le second prévenu (35 ans), poursuivi pour avoir participé au trafic de drogue, elle a requis douze mois de prison – elle ne s’oppose pas à un éventuel sursis –, une amende et une interdiction de conduire de douze mois. À la barre, le trentenaire n’a pas contesté avoir accompagné son collègue à l’étranger pour aller chercher de la drogue. «Il était l’homme à tout faire, le coauteur de la vente», a résumé le substitut. La chambre criminelle rendra son jugement le 9 janvier.

Fabienne Armborst