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Mari poignardé au Kirchberg : « Je n’ai pas vu le couteau arriver »


Les faits s'étaient déroulés vers 23 h le 26 juin 2014 dans l'appartement du couple au Kirchberg. (photo archives LQ)

À la barre, le mari poignardé a confirmé que sa relation avec sa femme n’était pas au beau fixe. Mais il pensait qu’elle ne lui donnerait qu’un coup de poing, ce soir de juin 2014 dans leur appartement au Kirchberg.

Mercredi, au deuxième jour du procès de la quadragénaire poursuivie pour avoir poignardé son mari, c’était au tour de la victime et de la sœur de la prévenue de témoigner. Cette dernière, qui habite aux États-Unis, raconte avoir été en contact avec sa sœur le 26 juin 2014 quelques minutes avant le drame.

Depuis mardi matin, Jeanette J. (44 ans) comparaît devant la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement. Le parquet lui reproche d’avoir commis une tentative de meurtre sur son mari le 26 juin 2014. Les faits s’étaient déroulés vers 23 h dans leur appartement au Kirchberg.

L’enquête a révélé que le soir du drame, alors que son mari regardait un match de foot à la télévision, Jeanette J. s’était informée sur internet sur la procédure de divorce et avait été en contact avec sa sœur résidant alors à des milliers de kilomètres à Los Angeles en Californie.

« Sa voix était tremblante. Au bout de cinq à six minutes, elle a raccroché, car elle a commencé à pleurer », a témoigné, mercredi après-midi, la sœur de la prévenue. Elle indique l’avoir rappelée dans la foulée par Skype pour voir son visage : « Elle avait les yeux en larmes, le regard perdu. » C’est également sur Skype que Jeanette lui aurait annoncé qu’elle ne tenait plus le coup et qu’elle voulait se suicider. Avait suivi un message avec son numéro de compte bancaire. Et puis plus moyen de joindre Jeanette.

C’est alors que la sœur dit avoir contacté l’ambassade des États-Unis au Luxembourg, enclenché des démarches et tenté de contacter la police au Luxembourg. Alors qu’elle craint que sa sœur ne se suicide, c’est finalement autre chose qui se passe : Jeanette poignarde son mari avec un couteau de cuisine tiré du lave-vaisselle et se retrouve en prison. Nouvelle que le témoin déclare avoir reçue par le biais de l’avocat de Jeanette en ouvrant sa boîte mail deux jours plus tard.

La chambre criminelle a également entendu mercredi le mari victime du coup de couteau. Au premier jour du procès, il ne s’était pas présenté et avait été condamné comme témoin défaillant à une amende de 500 euros. Hier il a indiqué avoir « oublié » l’ouverture du procès. Mais il avait envoyé un courrier pour s’excuser et dire qu’il se présenterait sans faute. Le tribunal l’a finalement déchargé de son amende.

«On se disputait souvent»

Le mari d’origine néerlandaise avait fait connaissance de Jeanette J. en novembre 2012 à Chicago où il travaillait à l’époque. En septembre 2013, ils s’étaient mariés. Mais il confirme que leur relation n’était pas au beau fixe. « On se disputait souvent. On ne se faisait pas confiance l’un l’autre. » Le quinquagénaire conteste toutefois le fait d’avoir eu des relations intimes avec d’autres femmes après leur mariage.

Outre l’évolution de leur relation, c’est la matérialité des faits qui a intéressé hier le tribunal. « J’étais en train de regarder le match Corée du Sud – Belgique, quand elle a de nouveau voulu discuter de notre couple. Elle a insisté. » Après un certain échange, il aurait fini pas se retourner. « Je pensais qu’elle allait me donner un coup de poing. Je n’ai pas vu le couteau arriver », raconte-t-il.

« Elle ne lâchait pas le couteau, j’ai dû faire un effort pour le sortir de moi .» Un détail que relèvera le tribunal : « Ce qui signifie qu’elle n’a pas arrêté de sa propre initiative .» Autre question qui intrigue la chambre criminelle. « Est-ce que Madame vous a aidé à un moment donné? » « Non. Elle a commencé à crier « j’ai poignardé mon mari ». Elle a appelé « à l’aide » .»

À la demande du parquet, la victime confirme qu’elle a elle-même exercé la pression sur sa blessure avec un torchon pour stopper les saignements. À la police, le mari avait dit qu’il n’avait pas l’impression que son épouse avait l’intention de le tuer. Une déclaration que la victime a maintenue, hier après-midi. Cette dernière n’a pas non plus réclamé de dommages et intérêts.

Le procès se poursuit ce jeudi après-midi avec l’audition de l’expert psychiatre et de la prévenue.

Fabienne Armborst