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L’entourage du curé de Belair, accusé de viol sur mineur, est tombé des nues


"Je ne peux pas m'imaginer cela», a déclaré un membre de la fabrique d'église de Belair. (illustration AFP)

Plus d’un témoin de la défense a affirmé, jeudi, être tombé des nues après avoir appris que le curé de Belair était poursuivi pour viol sur un mineur.

Les faits reprochés au curé de Belair suspendu de ses fonctions remontent à début novembre 2008. Le parquet lui reproche le viol sur un mineur de 14 ans avec qui il partageait une chambre lors d’un voyage à Taizé (France). Quant aux attentats à la pudeur que le prévenu Emile A. (59 ans) reconnaît en partie, ils sont prescrits.

Dans un premier temps, l’adolescent n’en avait parlé à personne avant de se confier à son meilleur ami. «C’est à l’âge de 16-17 ans (2011/2012) qu’il m’a raconté ce qui s’était passé. Je ne me rappelle plus les détails aujourd’hui», a témoigné ce dernier, jeudi après-midi. Mais il lui aurait bien parlé de la fellation.

Dans ses dépositions à la police judiciaire, le témoin avait indiqué que son ami «avait toujours une certaine avance sur le thème de la sexualité». Une déclaration qu’il a toutefois relativisée, jeudi à la barre. Me Gaston Vogel, l’avocat à la défense du prévenu Emile A., n’a pas non plus manqué de revenir sur une autre affirmation qui figure dans le dossier : «Je pense qu’il n’a pas eu besoin d’être forcé pour l’acte sexuel.» Le témoin a expliqué avoir fait cette déclaration un an après qu’ils s’étaient perdus de vue en raison d’une dispute. À l’époque, il aurait donc encore eu un certain ressentiment. «Aujourd’hui, je ne répéterais plus cela de cette façon», a-t-il clarifié en ajoutant qu’il rapportait ce constat plutôt à l’époque où ils avaient entre 15 et 16 ans.

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«À l’époque, c’était encore un enfant»

Une amie de la famille de la victime a confirmé les traits de caractère de l’adolescent en 2008. Elle a souligné sa discrétion et sa timidité. «Nos enfants ont le même âge. À 14 ans, c’était encore un enfant.» Elle explique être tombée en larmes lorsqu’elle avait appris ce qui s’était passé.

En tout début d’audience, la 13e chambre criminelle avait entendu les témoins de la défense. Parmi eux, une conseillère en médiation pour l’ensemble du personnel de l’archevêché. Elle explique avoir fait la connaissance d’Emile A. au début des années 2000. Jusqu’en 2014, l’homme d’Église serait venu la voir régulièrement, en moyenne toutes les trois semaines. À l’époque, ils auraient surtout discuté du fonctionnement de groupes et de la gestion du temps. C’est seulement en 2014, quelque temps avant sa dénonciation, après que le père de l’adolescent avait abordé le curé, qu’elle aurait appris les reproches. «Emile A. est venu avec un écrit où il dit avoir commis un délit avec un jeune lors d’un voyage. Il m’a dit avoir glissé dans quelque chose qu’il n’avait pas l’intention de commettre.» Or selon le témoin, il ne lui a jamais concrètement parlé des «interactions». «Ma mission était de travailler avec lui, de le sortir de la dépression», explique-t-elle. Elle indique avoir informé Erny Gillen, alors vicaire général, par téléphone. Toujours selon le témoin, il n’y a jamais eu de rumeurs sur un comportement inapproprié du curé de Belair. «Voilà pourquoi j’étais étonnée quand j’ai appris les faits qu’on lui reproche.»

Ce n’est pas le seul témoin qui dit être tombé des nues en apprenant la nouvelle. «Je n’ai jamais entendu de plainte concernant le comportement d’Emile A. Je ne peux pas non plus m’imaginer cela», a déclaré un membre de la fabrique d’église de Belair qui décrit Emile A. comme un excellent curé.

Un ancien professeur de lycée d’Emile A. a estimé que le curé a été mis à tort au pilori. Comme le témoin précédent, il a notamment fait référence à la lettre de l’archevêque qui avait été lue dans toutes les paroisses. «Il y aurait eu une autre façon de faire, considère-t-il. J’étais choqué. C’était comme le condamner d’avance.»

Le procès se poursuivait ce vendredi matin, avec l’audition des trois derniers témoins. Ensuite, c’était au tour du prévenu de s’expliquer à la barre.

Fabienne Armborst