Famille, amis, collègues et anonymes : entre 8 000 et 10 000 personnes ont rendu hommage à Alexia Daval dimanche à Gray, une petite ville de Haute-Saône, lors d’une marche silencieuse chargée d’une émotion contenue, une semaine après le meurtre de la joggeuse, encore non élucidé.
Les obsèques d’Alexia auront lieu mercredi 8 novembre à 14h30 en la basilique de Gray, a annoncé le maire. Dans un silence absolu, comme elle l’avait souhaité, la famille, avançant dignement en se tenant par la main, a mené un cortège dense et solennel dans les rues de Gray. Des proches de la jeune femme, tenant une photo d’Alexia, puis des milliers d’anonymes venus saluer sa mémoire avec des roses blanches, leur ont emboité le pas.
Le cortège s’est arrêté devant le bar-tabac géré par la famille dans cette commune de 5 000 habitants pour déposer des fleurs. « La force de notre couple nous faisait nous dépasser, dans nos sorties et dans notre vie commune. Cette plénitude me manquera terriblement », a confié après la marche son mari, Jonathan Daval, en larmes et soutenu à bout de bras par les parents d’Alexia, depuis une estrade chargée de fleurs et décorée de photos de la jeune femme.
« Alexia était une amie, une collègue, une cousine, une tata, une épouse », a déclaré Stéphanie Gay, sa sœur. « Elle était une jolie jeune femme indépendante et brillante au caractère affirmée », a-t-elle ajouté. À ses côtés, Jean-Pierre Fouillot, le père d’Alexia, a également remercié, la voix serrée par l’émotion, les personnes venues au rassemblement. « Les témoignages que nous recevons nous apportent une aide et un réconfort précieux », a-t-il confié.
L’assassinat de cette employée de banque de 29 ans a généré un émoi national. Samedi, des centaines de personnes ont rendu hommage à Alexia en courant dans plusieurs villes de France. « À travers ces manifestations sportives, vous faites d’Alexia un symbole fort, celui de la liberté de chaque femme de pratiquer la course, de vivre tout simplement (…) Continuez à courir, à nager, à vous entrainer, c’est ce que ma fille voudrait », a demandé Isabelle Fouillot, la mère de la jeune femme, sans pouvoir retenir ses sanglots.
La victime a été étranglée
L’émotion des rassemblements n’a toutefois pas occulté les inquiétudes des habitants de Gray, en raison des zones d’ombres qui entourent encore le drame. Alexia Daval a disparu samedi 28 octobre pendant son footing peu après avoir quitté son domicile. Son corps avait été découvert calciné caché sous des feuillages dans un bois loin du parcours habituellement emprunté pour son jogging.
Les résultats de l’autopsie pratiquée jeudi ont permis d’établir un décès par strangulation, mais selon les premières constatations, Alexia n’aurait pas été violée, a précisé une source proche du dossier. Le ou les auteurs de ce crime restent encore inconnus.
« On y pense tous les jours. On attend de savoir ce qu’il s’est passé », a expliqué dimanche Hélène, mère de trois enfants, dont une de l’âge d’Alexia. Rose blanche à la main, elle s’est sentie « le devoir et l’obligation de venir » pour la marche. « Si c’est vraiment un psychopathe, il peut être parmi nous », s’est inquiété Florence, habitante du secteur. « Si il a fait ça à une joggeuse, il peut refaire ça à n’importe qui ».
La procureure de Besançon, Edwige Roux-Morizot tiendra une conférence de presse lundi à 11h au tribunal de Besançon, où une information judiciaire pour « assassinat » a été ouverte mardi.
Le Quotidien/AFP