Les premiers faits reprochés au prévenu de 58 ans remontent à fin 2006. L’affaire avait éclaté au printemps 2014. À l’époque, à la suite de violences domestiques, une mesure d’expulsion avait été ordonnée contre le quinquagénaire. Suivie par le service d’assistance psychologique aux victimes de violence domestique, la jeune fille avait confié avoir été régulièrement abusée par son beau-père.
La police judiciaire, service protection de la jeunesse, avait été saisie de l’affaire en juin 2014 après que la psychologue avait signalé le cas au parquet. « Lors de la première audition vidéo, elle m’a dit avoir régulièrement été victime d’attentats à la pudeur par son beau-père. La nuit, ce dernier s’introduisait dans la chambre et lui caressait les parties intimes », a rapporté l’enquêteur, mardi matin.
Au cours d’une deuxième déposition en septembre, la jeune fille, âgée à l’époque de 17 ans, lui avait également décrit l’épisode d’un viol quand elle avait entre 15 et 16 ans. Des dépositions que la victime est venue confirmer mardi devant la chambre criminelle, les larmes aux yeux : « Le soir, il venait me caresser. Les attouchements se sont produits plusieurs fois. »
Selon la jeune fille âgée aujourd’hui de 20 ans, les premiers faits se sont produits dans leur petit appartement à Esch-sur-Alzette. Au tout début, elle était âgée de neuf ans et venait de rejoindre sa mère au Luxembourg.
Après leur déménagement, elle avait reçu sa propre chambre. Et elle avait eu la possibilité de s’enfermer à clé. « Quand à l’école, j’ai trouvé un copain, mon beau-père a pris la clé de ma chambre et cela a recommencé de nouveau », poursuit-elle. Et puis, il y aurait eu l’incident où il avait essayé de la pénétrer sur le canapé.
Retour sur les débuts de l’enquête lors de laquelle les parents ont également été entendus. Selon les termes de l’enquêteur, l’audition de la mère ne s’est pas avérée facile : « Elle disait ne pas avoir de problème avec son mari. Elle était mal à l’aise. Elle avait peur de parler. »
Le beau-père, quant à lui, a toujours contesté avoir touché sa belle-fille aux parties intimes. Tout au plus l’aurait-il effleurée par hasard. Le quinquagénaire avait affirmé que c’est la fille « qui a jeté de l’huile sur le feu et déchiré la famille ». « À mon avis, il était amoureux de sa belle-fille. Elle ne le laissait pas indifférent », remarque l’enquêteur.
«Il me culpabilisait, il me menaçait»
L’enquêteur est également revenu hier sur les déclarations des deux psychologues qui ont encadré la jeune fille au moment de la procédure d’expulsion. Elles avaient relevé que lors du premier entretien où la fille avait abordé les attouchements, la mère s’était mise à pleurer. Ensuite, elle avait vécu un revirement et pris le parti de son mari.
Au total, l’enquêteur de la police judiciaire a rédigé six rapports pour cette affaire. La mère comme la fille affirment avoir vu le quinquagénaire avec un revolver. Une arme sur laquelle la police n’a toutefois jamais pu mettre la main.
D’après l’enquête, le dernier attouchement aurait eu lieu dans la nuit du 1er juin 2014. Or, les faits reprochés au prévenu ne s’arrêtent pas là. La belle-fille déclare aussi avoir été régulièrement suivie et harcelée, jusque devant son école, alors même qu’elle avait été placée dans un foyer : « Il me culpabilisait en me disant que c’est de ma faute si sa famille est détruite. Il me menaçait : si je continuais comme ça, il ferait du mal à ma mère et mon copain. »
Le procès se poursuit ce mercredi après-midi. Après l’audition des deux derniers témoins, cela sera au tour du prévenu de s’expliquer à la barre de la chambre criminelle. Lors de sa première prise de position mardi, il a contesté l’ensemble des accusations. L’experte psychiatre qui a examiné le prévenu, quant à elle, n’a décelé chez lui aucune maladie.
Les menaces qu’on lui reproche d’avoir perpétrées contre sa désormais ex-femme et le copain de sa belle-fille feront l’objet d’un second procès en fin de semaine devant la chambre correctionnelle.
Fabienne Armborst