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Dudelange : 10 ans requis pour des attouchements sur son neveu


(Illustration : Archives LQ)

Le prévenu aurait profité, entre 2005 et 2009, de son rôle de «père» pour commettre régulièrement des abus sur le garçon âgé au départ de six ans.

Alors que la défense met en doute la crédibilité de l’enfant par rapport à l’identité de l’auteur des viols, le parquet qualifie les déclarations du mineur de  » constantes et cohérentes « . Au début de l’audience, vendredi, c’était d’abord au tour du prévenu de s’expliquer à la barre de la chambre criminelle. Il nie tout en bloc.

 » Si j’étais pédophile, je ne serais pas là. Je me serais caché, par exemple.  » Jusqu’au bout, le prévenu, 39 ans, a maintenu sa position : il n’a pas abusé sexuellement de son neveu, âgé à l’époque de six ans. Il ne lui aurait pas non plus montré de films pornographiques.

Entre 2005 et 2009, alors que la mère de l’enfant travaillait, il l’avait gardé régulièrement à son domicile à Dudelange. « Je n’ai rien à me reprocher », insiste le trentenaire. « Et pourquoi le garçon a-t-il affirmé cela? », insiste la présidente de la chambre criminelle, Sylvie Conter. « Je n’accepte pas d’aller en prison pour quelque chose que je n’ai pas fait. Je préférerais plutôt me suicider. » Pendant près d’une demi-heure, le prévenu a été entendu à la barre, vendredi matin. Mais il n’a pas su expliquer pourquoi le garçon aurait pu mentir.

À la fin de son audition, son avocat, Me Karim Sorel, a présenté trois témoins à entendre. La chambre criminelle s’y est clairement opposée. « C’est une question de procédure. On n’entend plus de témoins après l’audition du prévenu , a martelé la présidente. De plus, ils étaient dans la salle au cours de l’audience. »

C’est donc Me Arnaud Ranzenberger, l’avocat de la partie civile représentant la mère et son fils, qui a pris la parole. « Ce sont des actes monstrueux qui lui ont causé des dommages physiques et psychologiques .» Pour la mère et le fils, il réclame respectivement un euro symbolique pour le dommage matériel et le dommage moral. « C’est pour couper court à la supposition du prévenu selon laquelle ils veulent simplement s’enrichir. » Pour le fils, il demande en outre la nomination d’un expert pour déterminer le préjudice subi. « La victime et sa mère ont besoin d’un jugement, d’une déclaration de culpabilité qui leur permettrait de se reconstruire », conclut-il.

« À mon sens, c’est une instruction complète qui manque dans ce dossier, », a enchaîné Me Sorel. Ainsi regrette-t-il que le pasteur auquel le garçon s’est confessé en premier lieu, en 2013, n’ait pas été entendu. Selon l’avocat à la défense du prévenu, il n’y a pas de certitude absolue que son client ait fait ce qu’on lui reproche. « Je pense qu’il y a eu viol. Mais il y a un doute flagrant sur l’identité de l’auteur. Le doute doit vous conduire à acquitter mon client .» Me Sorel estime qu’on ne s’est jamais interrogé sur le passé de la victime avant son arrivée au Grand-Duché. En 2003, la mère avait rejoint seule le Grand-Duché. Au bout de onze mois seulement, elle avait été chercher son fils resté au Brésil. À l’époque, il avait 5 ans.

«L’enfant n’a pas hésité une seconde»

Du côté du parquet, c’est un autre son de cloche : le prévenu serait bien l’auteur des viols et attentats à la pudeur, avec la circonstance aggravante qu’au moment des faits il avait l’autorité sur le mineur. « L’enfant n’a pas hésité une seconde à dire que c’était lui », appuie le premier substitut Manon Wies. Il n’a pas non plus fait sa déclaration qu’une seule fois, comme le prétend la défense. » La représentante du parquet soulève, par ailleurs, que l’enfant se souvient de certaines choses précises : «Il se rappelle qu’il lui a dit de n’en parler à personne. Il se rappelle des trois épisodes dans la baignoire. Enfin, il précise ne pas avoir été forcé ni menacé. » Bref, pour le parquet, les déclarations du mineur sont bien crédibles.

Cela avait duré quatre ans jusqu’à ce que le garçon se confie une première fois en 2013, à l’âge de 14 ans : « C’était un enfant qui pensait que c’était normal », note le premier substitut. Le garçon aurait ressenti une culpabilité extrême qui l’empêchait d’en parler à quelqu’un. Lors de son audition, il avait ainsi affirmé : « Comme cela me faisait plaisir, j’avais peur que cela soit moi le coupable .»

« Nous avons des faits extrêmement graves. Il a profité de son rôle de « père » pour abuser régulièrement du garçon », a récapitulé le premier substitut avant de requérir dix ans de réclusion, dont une partie de prison ferme, à l’encontre du prévenu.

Prononcé le 15 mars.

Fabienne Armborst