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Dealer tué : un appel et quatre diables qui interrogent


C'est sur ce chemin entre Leudelange et Schléiwenhaff que le duo avait déposé le cadavre du dealer dans la nuit du 9 au 10 novembre 2016. (Photo : Fabienne Armborst)

La 7e audience du procès des homicides de Leudelange et du Fräiheetsbam s’est déroulée en l’absence de Lee K. Jeudi, dans la matinée, le détenu a été retrouvé dans sa cellule à Schrassig après avoir fait un malaise, a fait savoir le procureur d’État adjoint. Pris en charge par l’équipe médicale, il devrait être de retour vendredi. Comme il était représenté par son avocat, les débats ont pu se poursuivre.

Pourquoi le dealer nigérian a-t-il quitté le quartier de la Gare le 9 novembre 2016 vers 22 h, l’heure où débute le marché florissant? Pourquoi a-t-il pris le train pour se rendre à Lamadelaine s’il était juste question d’aller chercher 5 g de cocaïne comme le prétendent les prévenus Lee K. (36 ans) et Alden S. (24 ans) et que ces derniers s’y rendaient en voiture? Ce sont autant de questions qui auront été soulevées, jeudi après-midi, lors de la 7e audience du procès. Mais la réaction du duo après la mort du dealer continue aussi d’interpeller la 13e chambre criminelle. «Personne ne veut avoir tué le dealer. Mais après avoir déposé son cadavre dans la forêt entre Leudelange et Schléiwenhaff, ils passent des appels comme si de rien n’était», a relevé la présidente faisant référence aux communications téléphoniques décortiquées par l’enquêteur.

C’est un travail monstre que l’équipe de la police judiciaire a effectué afin d’élucider l’homicide de Leudelange et celui du Fräiheetsbam. Appels, messages, bornages des portables… tous les contacts téléphoniques des six derniers mois des prévenus et victimes ont été passés au crible.

«L’appel a duré 20 secondes»

L’enquête a ainsi pu retracer un appel qu’Alden S. a passé la nuit du crime, à 1 h 36, à un chauffeur de taxi. «Ce serait intéressant de savoir pourquoi vous l’avez appelé. C’était après avoir récupéré la boule de 5 g de cocaïne dans la bouche de la victime», a interrogé la présidente. Et d’insister : «L’appel a duré 20 secondes!»

Alden S. campera toutefois sur ses positions, disant qu’il ne connaît pas la personne identifiée par la police. «Peut-être l’a-t-il appelé parce qu’il était chauffeur de taxi et que Lee K. ne voulait pas le ramener à la maison», a suggéré son avocat, Me Pim Knaff. À la police, le chauffeur de taxi avait déclaré avoir acheté l’une ou l’autre fois de l’herbe auprès d’Alden S. Il avait également sauvegardé son numéro dans son portable. Depuis le banc des prévenus, Alden S. a affiché sa désapprobation. Il s’est redressé pour souligner qu’il n’avait jamais vendu de drogue.

Près de trois ans après les faits, il dit ne pas non plus se souvenir à qui il a pu envoyer cette même nuit via Facebook le message «Pas de…» suivi de quatre diables. Enfin, la chambre criminelle a tenté d’en savoir plus sur l’appel qui a eu lieu entre Alden S. et Lee K. le 13 novembre à 21 h 01, le soir de la disparition de la prostituée retrouvée morte au parking du Fräiheetsbam. Le deuxième fait pour lequel Lee K. est poursuivi. «Vous avez bénéficié d’un non-lieu pour ce fait. Rien ne peut donc vous arriver», a-t-elle tenté de rassurer le prévenu Alden S. «De quoi avez-vous parlé?» Or sa réponse, la chambre criminelle l’attend toujours.

Neuf boules de cocaïne

De l’enquête, il ressort que Lee K. s’est toujours procuré de la drogue sans Alden S. «Il n’avait donc pas besoin de lui», a observé l’enquêteur. Ce qui appuie l’hypothèse que le dealer s’est sans doute rendu à Lamadeleine pour bien plus qu’une boule de 5 g. L’autopsie du cadavre avait d’ailleurs mis au jour neuf autres boules de cocaïne…

Si Alden S. avait une réponse claire jeudi, c’était celle qu’il n’a jamais reçu de message rédigé le 9 novembre par Lee K. lui demandant : «T’as envie d’aller tuer quelqu’un?» C’est pourtant ce que ce dernier avait affirmé la veille en son absence (NDLR : souffrant, Alden S. n’a pas assisté au procès mercredi). Pour la suite du procès ce vendredi matin, le duo devrait à nouveau être réuni sur le banc des prévenus.

Fabienne Armborst

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