Ce lundi, des associations de protection animale ont emporté une vingtaine de poules des jardins ouvriers d’Audun-le-Tiche, et sans l’appui des forces de l’ordre. Les militants ont tenté de convaincre les propriétaires des animaux de leur céder. Ce n’est qu’un début. L’action se poursuit ce mardi.
Pour certains, ce n’est « que de la volaille » destinée à finir dans une assiette. Pour l’association de protection animale Stéphane Lamart et son homologue luxembourgeoise Give us a voice, ce sont « des êtres vivants ». À sauver de toute urgence.
Lundi, les températures caniculaires ont joué les détonateurs. Une vingtaine de bénévoles ont à nouveau sillonné les jardins ouvriers d’Audun-le-Tiche où des animaux de ferme ont été découverts , voici maintenant plus d’un mois. Équipés de protections, de cages et de filets, ils ont mené une opération coup de poing dans ce dédale d’allées dévorées par les herbes folles. « On est là pour aider les animaux, pas pour se bagarrer », prévient Daniel Frères, le président de Give us a voice.
Problèmes d’hygiène
Objectif affiché : récupérer les animaux en souffrance avec l’accord des propriétaires, bien souvent des familles qui occupent les lieux à titre gracieux depuis des décennies. Et pas franchement au fait de la réglementation européenne en matière de bien-être animal. « Le problème ici, peste Daniel Frères, c’est qu’il n’y a pas de réglementation. Les conditions d’hygiène sont déplorables, c’est une poubelle géante ! Laisser des animaux dans de la saloperie, oui, c’est de la maltraitance. »
Une vingtaine de poules et un coq ont été emportés à l’issue de plusieurs minutes d’échanges avec leur propriétaire, résigné. Une goutte d’eau dans un océan. « Il reste encore des centaines d’animaux enfermés dans des cabanons où il fait 60° aujourd’hui ! », alertent les bénévoles, choqués par la présence de lapins « dans un four » et de bébés chèvres enfermés. « On n’est pas en train de faire un caca nerveux pour trois chèvres, s’agace Bernadette Rohrer, enquêtrice à l’association Stéphane Lamart. Les animaux sont juste en train de crever. Certains n’ont même pas d’eau ! Sans parler du risque de prolifération des bactéries. On a quand même retrouvé des animaux morts. »
Il semblerait toutefois que l’état d’urgence n’ait pas été constaté par tout le monde. Le bourgmestre d’Esch-sur-Alzette (l’accès aux jardins se fait par le Luxembourg) et le maire d’Audun-le-Tiche, interpellés par les associations, ne se sont pas déplacés. Les gendarmes se sont rendus sur place pour échanger avec les associations qui remettront le couvert ce mardi. La protection animale envisage de déposer plainte contre les municipalités pour « non-dénonciation de maltraitance d’animaux ».
Joan Moise / Le Républicain Lorrain