Début février 2018, un quadragénaire avait été agressé devant un distributeur de banque au quartier Gare à Luxembourg. À la barre du tribunal correctionnel, la victime a relaté comment on lui avait arraché les 170 euros qu’elle venait de retirer…
Il sortait d’une fête. Il comptait retirer un peu d’argent au distributeur d’une banque pour payer sa course de taxi et manger un bout… quand un homme lui est tombé dessus! Les faits remontent au samedi 10 février 2018. Il est peu après 6 h du matin, avenue de la Liberté, dans le quartier de la Gare à Luxembourg lorsque le quadragénaire se fait agresser par derrière. Le message est clair : «Donne-moi l’argent ou je te tue!» Sous le choc, la victime résiste. «Essaie, vas-y, tue-moi!», lui lance-t-elle.
Ensuite cela va très vite. Sur les images de la caméra de vidéosurveillance retraçant en à peine 30 secondes la scène, on voit un individu vêtu d’un bonnet qui cache une bonne partie de ses yeux se saisir de la victime. Cette dernière se retrouve au sol. Et l’agresseur lui tire son portefeuille de la main. Si elle réussit à récupérer ce dernier, les 170 euros qu’elle vient de retirer, elle ne les reverra jamais. Avant que le quadragénaire ait le temps d’alerter la police, le voleur file en direction de la rue de Strasbourg.
Grâce aux images de la vidéosurveillance de l’établissement bancaire, la police réussira à identifier Fahed comme l’auteur des faits. Visiblement le jeune homme toxicomane, âgé aujourd’hui de 26 ans, est bien connu des autorités dans le quartier Gare. Il n’en est pas non plus à sa première affaire judiciaire. «Souvent son nom tombe quand il y a un problème dans le quartier», appuie un policier qui y est actif depuis une dizaine d’années.
Le prévenu, qui purge actuellement une peine à Givenich, conteste pourtant être l’auteur de ce vol avec violences devant le distributeur.
«C’est votre frère jumeau peut-être?»
«C’est votre frère jumeau peut-être? (silence) Non, vous n’en avez pas?» Par tous les moyens la présidente de la 9e chambre correctionnelle aura tenté de tirer les vers du nez au prévenu jeudi après-midi. «L’homme qu’on voit sur ces images ne s’appelle-t-il pas Fahed?» Mais ce dernier campera sur sa position : il n’est pas l’auteur des faits qui lui sont reprochés. «Les traces ADN n’ont pas pu lui être associées. Le seul élément dans ce dossier, ce sont les images de la vidéosurveillance, a renchéri son avocate. Et il n’est pas sûr à 100 % que cela soit lui.» À l’audience, la victime, elle non plus, n’a pas reconnu l’homme sur le banc des prévenus.
Or pour le parquet, c’est bel et bien la bonne personne qui se trouve face aux juges. Il soulève que, dans sa déposition à la police, Fahed a fini par affirmer que «ça se peut» qu’il ait eu «une bagarre avec cette personne parce qu’elle (l)’a cherché… Cette personne était ivre et elle m’a insulté.» Une description qui colle parfaitement avec la scène de l’agression, analyse le parquetier : «La victime ne nous a pas caché avoir été un peu éméchée à la sortie de la fête. Quant à l’insulte, ça colle avec le fait qu’elle ait résisté aux menaces.»
Le parquet réclame 18 mois de prison
Notant l’absence de repentir du prévenu et son casier judiciaire qui renseigne déjà un certain nombre de condamnations pour vol, le parquetier requiert 18 mois de prison et une amende à son encontre. Et d’insister : «Je ne pense pas qu’il ait compris. Du vol à l’étalage dans une supérette, on est passé à l’agression d’une personne en pleine rue.»
Son avocate n’est pas d’accord : «Ce n’est pas un ange, mais son casier judiciaire ne peut fournir une ligne directrice pour sa condamnation dans cette affaire.»
Prononcé le 24 octobre.
Fabienne Armborst