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Un mélange dangereux

Le processus législatif peut parfois conduire à un fourre-tout. Illustration hier à la Chambre avec le paquet législatif sur la migration. Alors qu’au sein même du Grand-Duché le volet concernant l’augmentation de la durée de rétention pour les familles avec des enfants mineurs crée l’indignation, du moins en dehors des murs du Parlement, la presse internationale se concentre sur l’autre élément de ce même texte voté hier. «Des visas pour les personnes fortunées au Luxembourg» est en effet le titre d’une dépêche de l’Agence France-Presse (AFP) qui a été envoyée hier en début de soirée autour du globe.

«La loi, qui entrera en vigueur dans les prochains jours, pose comme condition d’injecter au moins 500 000 euros de capital dans une entreprise commerciale basée au Luxembourg, d’investir via une société de gestion luxembourgeoise à hauteur de trois millions d’euros ou de placer 20 millions dans une banque sise au Grand-Duché. Les placements immobiliers sont exclus des critères d’éligibilité», peut-on encore lire dans la dépêche, faisant une nouvelle fois le rapprochement entre le grand capital et le petit Grand-Duché.

On peut encore s’estimer heureux que l’AFP n’ait pas fait le lien avec le renforcement des moyens pour procéder à l’expulsion des familles avec enfants qui ont vu leur demande d’asile refusée. La double image du «tapis rouge pour les riches» et du «vol charter pour les pauvres» dessinée hier par le député David Wagner (déi Lénk) résume bien le double caractère d’un même texte législatif. Le député Fernand Kartheiser (ADR) s’est lui fait un plaisir de rappeler hier qu’au moment du vote du Centre de rétention en 2009, les acteurs de la coalition d’aujourd’hui avaient exclu le placement de mineurs dans ce même Centre. Depuis lors, la donne a bien changé.

S’il est clair que le Luxembourg ne peut pas accueillir tout le monde, il doit faire attention à sa communication dans un dossier qui reste très sensible. Le piège des amalgames doit être évité, sans quoi l’engagement globalement positif pour accueillir des réfugiés risque de se ternir rapidement…

David Marques

2 plusieurs commentaires

  1. Ah, j’oubliais : la coalition en place a quand même fait une grosse erreur dans sa politique d’accueil : vouloir absolument construire des villages de conteneurs pour les réfugiés. C’est un non-sens.

    Cela signifie d’une part une incapacité à les disperser et donc à faciliter leur « intégration », d’autre part, cela hérisse une population qui – a priori – n’était pas trop défavorable à leur accueil (voir la levée de boucliers notamment à Steinfort – fief d’Asselborn, non ?)

    Faut oublier ces villages de conteneurs « ghettos », c’est bien pire que les quelques jours de rétention dont on parlait plus haut…

  2. « Le piège des amalgames doit être évité »…

    Vous devez bien être le seul à percevoir des risques d’amalgame dans ce dossier.
    Et la communication qui a accompagné ces mesures a – à mon sens – été exemplaire.

    Exemplaire, le Luxembourg l’est d’ailleurs globalement sur la question des réfugiés et le fait d’instaurer quelques indispensables principes de fonctionnement pour gérer les retours est à l’honneur de nos politiques.

    Le grand voisin allemand, complètement dépassé par sa généreuse politique d’accueil (un sacré foutoir) ferait d’ailleurs bien d’en prendre de la graine.

    « Le piège des amalgames doit être évité »…Pffff, David, serait pas temps de changer de disque ?