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Paroles

Syrie, dette grecque, Ukraine, Union européenne à bout de souffle, crise économique, incapacité à faire face au dérèglement climatique, Burundi, attentats islamistes en France et ailleurs dans le monde, crise des réfugiés, montée de l’extrême droite en Europe… L’année 2015 a été une litanie d’évènements les uns plus tragiques que les autres, témoins d’un monde profondément déstabilisé et divisé, dans lequel les individus perdent leurs repères et sont saisis d’angoisse à chaque journal télévisé.

Tout, pourtant, au cours de cette année n’a pas été d’une totale noirceur et l’on a vu des situations parfois figées dans la tension depuis des décennies connaître un début de détente. Il en va ainsi de Cuba et des États-Unis avec l’annonce dans les derniers jours de 2014 de la reprise des relations diplomatiques entre ces ennemis de la guerre froide. Si Obama et Castro n’en sont pas encore à se claquer la bise, au moins l’on se parle à nouveau après plus de 50 ans de défiance et de coups tordus. Dialogue renoué aussi la semaine dernière, après dix ans de silence, entre l’Inde et le Pakistan, quand le Premier ministre indien a effectué une visite-surprise à Lahore auprès de son homologue pakistanais. Ça n’a l’air de rien, mais voir à nouveau ces deux puissances militaires nucléaires voisines tenter d’aplanir leurs mortels différends est rassurant.

Et puis 2015, c’est aussi l’accord sur le nucléaire iranien, dossier empoisonnant les relations internationales depuis des années. Dans la même veine, l’on peut saluer la victoire aux législatives en Birmanie du parti du prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi. Il y a aussi, et peut-être surtout, la pugnacité des Tunisiens à défendre leur révolution contre vents et terreur.

Toutes choses n’estompant en rien les sombres augures que laisse présager cette année touchant à son terme. Mais toutes ces lueurs d’espoir ont en commun d’avoir été ravivées par la seule magie du dialogue. Dialoguer, c’est faire le pari de l’intelligence. Refuser d’entendre l’autre, c’est se ranger du côté de la brutalité, de l’injustice, de la bêtise. Pour que 2016 nous fiche la paix, souhaitons que le bruit des paroles finisse par couvrir celui des bombes. Mais c’est loin d’être gagné.

Fabien Grasser (fgrasser@lequotidien.lu)